> Au contraire de certains, j'aurais mis du temps à découvrir Bodrum, la jumelle des villes grecques avoisinnantes : blanches constructions autour d'une rade aux bleux intenses soumise au vent. L'endroit a tout pour satisfaire le vacancier agité et urbain. La tranquilité n'est pas une préoccupation qu'on approfondit ici et l'idée du site est plutôt de satisfaire complètement le passant : des magnifiques yachts, des terrasses sur les plages, des restaurants ou des bars ayant presque tous vus sur mer, des rues commerçantes, des agences de location de voiture, des excursions dans les environs, des boutiques folkloriques ou distinguées. En Turquie comme ailleurs, le balnéaire rime avec "à faire". Tout est supportable en cette période malgré tout, et le charme se niche toujours quelque part ici : de Gümüşlük à la baie de Mazıköy, dans la presqu'île de Yalıkavak ou dans les panoramas qu'offre Bodrum.
Encore une fois, en raison d'un vieillissement sûrement, je retrouve des sensations de mon enfance estivale espagnole (la vieillesse puise dans l'enfouissement des choses). Des odeurs végétales surtout, surgissent des souvenirs flous, dilués ou précis. Les bruits du soir... lorsque les enfants trainent encore à des heures que nous ne permettrions pas en France, lorsque les musiques s'échappent au loin des bars ou clubs.
Cigarette après cigarette, grappe de raisin à même portée de main qu'un verre de rakı, je relâche mes nerfs et mes anxiétés depuis le balcon. J'apprends à nouveau à respirer après cette pneumonie qui m'a montré les conséquences d'une année mal supportée. Des lumières se balancent depuis les mâts lointains. Les moteurs des pêcheurs ronronnent de temps à autre. Les grognements des duels entre chiens ou chats fendent parfois le partiel silence de la nuit. Si je devine des voix, elles m'échappent car elles sont turques et cela ajoute à mom impression d'être enfin bien nul part. Chaque soir sur ce balcon, je me ferai ce même constat. <