Sous les étoiles d'Adrasan
> C'est la troisième fois qu'on retrouve la route sinueuse qui descend sur Adrasan. Un incendie a toutefois fait d'incroyables dégâts. Cette fois, j'ai l'impression de découvrir le bourg. Le site est toujours aussi esthétique : cette plage coincée entre une presqu'île massive et une montagne pointue. Posés dans un bungalow finalement, nous sommes couvés par un ciel parfaitement rempli d'étoiles qui me remémore ma première escapade à Çıralı. Aucune autre source lumineuse ne vient perturber notre vision. Les animaux règnent en maître et ponctuent de leurs cris le calme général (j'omets quand même les accélérations pénibles des deux roues qui filent sur la chaussée en front de mer).
Demain, nous rejoindrons le phare de Gelidonia que je veux découvrir depuis longtemps. Trois heures de marche, cela me semble possible malgré tout. Ce soir, nous avons mangé sous une pergola envahie par une vigne superbe aux grappes opulentes. Maintenant, je fume une cigarette sur cette terrasse qui donne sur un jardin, la montagne et le verger. On entend à peine le bruissement des vagues au loin qui font rouler les cailloux. Tout le monde dort dans cet univers apaisé. Nous ne sommes pas si loin des conneries habituelles, mais ici, on a l'impression qu'elles ne nous atteignent pas.
La dose est prise, mais ne suffira pas. J'aurais aimé retrouver Kabak, entendre davantage le coq et voir ses poules qui viennent entre nos jambes lors du petit-déjeuner, voir le visage de M. s'émerveiller devant ces choses simples et pourtant ultimes. J'aurais aimé ouvrir une bière sur ma chaise-longue en regardant le large et inventer ce jour où j'y viendrai en voilier. J'aurais adoré découvrir une nouvelle crique et ses eaux transparentes. Et fumer une autre cigarette à la nuit tombée bercé par le bruit des insectes et le contentement de vivre encore une fois cela. <