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La Route du Crabe
5 janvier 2010

Marrakech

Le programme suit son cours, puis arrive l’aléatoire, la dispersion et l’égarement. C’est un labyrinthe et un brouhaha. C’est une succession de rencontres pressantes et éphémères. Je suis des ruelles bloquant sur des impasses. Je rebrousse chemin, perds le sens. Aucune confiance dans mon sens de l’orientation dorénavant. Je rencontre un premier berbère, un quatrième berbère, un guide attrapant amicalement le touriste. Je parle sans rien donner, je discute et donne. Les gamins me voient perdu. Les jeunes m’attendent au virage pour me vendre une direction. Je suis passé à quelques mètres de l’endroit où je voulais… Je finis par retrouver. Je poursuis. La place Jamaa-El-Fna et sa cacophonie urbaine, pseudo-indigène, entre musiques enchevêtrées et pétarades de moteurs, entre bruits de sabots et klaxons prévenants. Attablé pour un café cassé, je crois avoir besoin de vide, de calme et de paysages naturels. D’étendues où les hommes ne s’expriment plus dans l’agitation et les rassemblements. Je veux la vraie rupture. Au matin à la porte de la médina, les affaires de location étant réglé, j'y goûte : non loin de l'animation de la gare routière, posé dans un bistrot local après avoir trouvé des clopes dans une cour intérieure, je me réchauffe et j'apprécie dans mon statut d'étranger l'isolement.

Hôtel Médina. Coincé entre les hauts murs ocres de la vieille ville, on devine les centaines de vies insensées qui se passent. Les bavardes d’à côté donnent leurs impressions d'Espagnoles. Le gérant mate toute la journée la télé. Les rabatteurs errent dans les ruelles sinueuses imaginant nos porte-monnaies sans fond. Le ciel venté parfois se remplit de prières. Ma chambre sent le Maroc des maçons et des céramistes. Le sac à dos est bourré à craquer comme moi en arrivant. Deux ruelles pour retrouver la place et ses manèges quotidiens qui font la réputation de Marrakech. La première sinueuse amène aux boutiques électroniques. La deuxième, Riad Zeitoun, sent l’encens, la viande fraîche, la pauvreté et le déodorant des touristes apprêtés à voyager. Au soir venu, réflexion née au restaurant (je suis certain que le tajine a été cuisiné avec des oranges) : il faudra changer le décor ou ajouter quelques rôles à l’avenir. Rendez-vous volontairement manqué avec le type d’hier soir qui en plus de son business me proposait une soirée musicale dans un روض (riad) d’amis français. Il y a plus d’un million de gens autour. Chez moi, je ne me sens pas seul, même ces fois où la lumière de l’écran d’ordinateur est blafarde. Mais là, dans une cité énorme... Vais-je vivre trois semaines comme cela ?

Voyage_1

Voyage

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