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La Route du Crabe
13 septembre 2019

Satori

> L'arpège, je ne savais pas alors ce que ce mot signifiait, l'avais-je même déjà entendu, du premier titre d'une cassette qui passait parfois dans mon baladeur m'a définitivement gravé la mémoire. L'album était sorti environ cinq ans avant, puis vinrent les nouveaux et se découvrirent les anciens. Comme beaucoup d'autres, plus vieux souvent et grâce à eux aussi, j'ai usé jusqu'à la corde les bandes magnétiques puis les microsillons des cinq opus dans lesquels ce chanteur et auteur illuminant avait sévi.

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83, Le Chant des Terres, Lumières et Trahisons, Dantzig Twist, Rue de Siam. De ses mots et de ses airs, je n'y comprenais rien au début et je crois pourtant qu'ils me pénétrèrent intrinsèquement par l'intermédiaire de sa voix. A vrai dire, nous sommes des milliers à avoir ressenti l'impact du phénomènal Philippe Pascal. Probablement chacun à sa manière, très probablement tous d'une manière secrète et intime. Si j'écris ce soir et si j'aime écrire, il doit y avoir quelque chose de lui dans cette habitude. Plus encore, lorsque j'écoute la musique, lorsque j'aime l'écouter dans ses profondeurs insondables, je sais que cette envie est née de ces longues heures à passer en boucle la musique de Marc Seberg et de Marquis de Sade, seul quelque part, encore chez mes parents, en Espagne ou ailleurs.

Je ne suis pas sûr, mais il doit s'agir de mon deuxième concert le 17 ou 18 mars 1990 à l'Ubu, à Rennes. J'avais 14 ans et l'artiste présentait un sixième opus. L'écorché nous convainquant d'en devenir aussi. Je tentais quelques années durant de retracer les mélodies avec ma guitare. Vingt-neuf ans après, qui peut dire que l'homme ne nous impressionnait plus au sens propre et figuré ?

Ma tristesse d'apprendre sa mort s'est installée très doucement depuis ce midi. J'ai parcouru les news ce soir et finalement il fallait simplement réécouter sa voix. Le chagrin qui s'est déposé sur notre bonne ville de l'ouest est sans aucun doute tellement sincère qu'il amène avec lui quelque chose de lumineux. L'incompréhensible attachement à cette personne rassemble ce soir un sacré paquet d'âmes qui auront en commun le même satori. <

 

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