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La Route du Crabe
16 janvier 2010

L'Anti-Atlas

> Dans cette chambre, je compte 21 mouches, mais il doit sûrement y en avoir une trentaine. La fenêtre donne sur l’oued Tafraoute et j’entends des centaines de bactériens, en plus des cris et des commentaires  des Marocains rivés sur la retransmission télévisée de la CAN (le foot est un spectacle mondial, envahissant ou simplement universel ; en Thaïlande, c’est le pêcheur de Chiang Khan qui m’avait adressé la parole au sujet d'Henri en sortant de sa mare). L’arrivée s’est bien passée sous l’œil bienveillant de l’autostoppeur récupéré à 25 kilomètres d'ici en plein milieu des encaissements pierreux qui imposèrent des routes en lacet. Il avait eu un accident à Tata. Il m'offre un café en compagnie d'un ami, puis on se promène dans le centre au soleil couchant qui colore le granit alentour et les 2000 mètres de hauteurs qui nous entourent. Demain petite journée de voiture normalement. En fait, je ne sens pas les kilomètres passer. Mais il s’agit véritablement d’une itinerrance pour moi. Je ne fais que découvrir...

A Taliouine, j’ai franchi la porte de la coopérative de safran. En 2009, il coûte  26000 Dh le kilogramme. Le village produit 2 à 3 tonnes de safran première catégorie par année (c'est-à-dire sans trop de résidu floral). Le crocus sauvage est rarement utilisé, ce sont les pistils du crocus salvatius que les yeux experts des femmes ou des enfants trient. Le faux safran est répandu, il est sucré et colore en jaune et rouge légèrement. Le vrai est amer et rien qu’un millimètre trace un trait orange intense que l’on peut allonger à l'infini. L'or rouge...

تارودانت (Taroudannt), prise en charge dès les premières manœuvres pour se garer non loin de l'enceinte ocre à côté des jardins qui bordent une kasbah transformée en palais touristique. J'esquive l'invitation de deux sympathiques rabatteurs pour me poser sur la place Al-Alaouyine et contempler le manège quotidien au moment de l'appel à la prière. Retour par les souks.

Les R109/R106 sont des routes magnifiques, les plus belles du Maroc. On ne doit pas compter en kilomètre par heure, mais en distance, en altitude et en virage. Mais je suis presque seul à faire ce trajet. Quelques rencontres massives en face avec lesquelles je ne m’amuse jamais à faire le torero : je frêne et me range doucement sur les bas-côté caillouteux. Il faut dire que les suspensions et les pneus endurent assez cher ici. Les troupeaux de moutons et de chèvres, les passages furtifs d’écureuils sur le goudron, les ânes attelés, chargés ou non, les hommes et femmes composent un tableau fascinant. Que ce soit les enfants intrigués par ma présence, ici chez eux, ou les adultes curieux, le rapport humain inonde chaque jour dans ce pays. <

Voyage1

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