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La Route du Crabe
13 novembre 2011

La ville de Trabzon

> Trabzon est un port dont le charme ne vient que de son relief et de son allure maritimo-industrielle. Je me remémore Vigo en bout de terre galicienne. Le bord de mer est morne. On voit quelques vielles pierres, mais c’est une ville chaotique et dont il faut essayer de capter le bien-vivre. Les deux vallées franchies, sans les rivières d’ailleurs, les remparts observés de l’autre côté du pont aux halos classieux, les bâtiments religieux reconnus, le bazaar et l’imposant marché couvert parcourus, la rue principale commerçante semblable à toutes celles du Monde empruntée, j’opte pour un café turc. Pendant que j’écris, j’entends ces expressions et ce ton que j’ai toujours du mal à interpréter. Trabzon l’urbaine, une ville de plus. J’ai trouvé mon cap : la neige gagne du terrain, mais là où je vais, il semblerait que le tourisme l’emporte.

Qu’est-il devenue de Trébizonde, cette carte postale en sépia d’une ville de bord de mer avec sa cathédrale et son grand hôtel grecs ? Le développement que j’accuse n’est pas né de l’expulsion grecque mais de l’incessante économie nécessaire à la transformation et surtout à la candidature au podium de la modernité. Le prix à payer partout, c’est l’abattage massif des vieilleries, la construction de voies suffisamment larges pour les camions, l’empilement rapide des familles, le saupoudrage de centres commerciaux de ci de là. Une particularité me fascine : deux sortes de ponts à quatre voies qui traversent et déchirent le cœur de la ville. Après un bon pide, je désire une bière que je réussis à consommer dans un bar rempli de mecs qui ont trouvé un endroit pour fumer et boire au chaud, logé au premier étage d'un immeuble à l’abri des regards. La fumée nous enveloppe jusqu’à ce que chacun décide de renter chez soi. Chambre 304, je m'enfonce dans le lit, la télévision allumée, les rideaux à peine clos. <

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