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La Route du Crabe
19 août 2019

Assos/Behramkale

> Nous sommes arrivés à Ayvalık vers 13h00. Quelqu'un attendait notre véhicule poussiéreux [je vais avouer à l'occasion de ce souvenir posté sur internet que je n'écris plus au jour le jour depuis quelques années. J'emmène toujours un carnet par réflexe, sorte de réflexe conscient servant à entretenir doucettement le feu qui m'animait quand je voyageais seul. J'écris les premiers jours à la suite de mon retour dans le meilleur des cas, quelques semaines après dans les moins bons. Je puise différemment dans ma mémoire et note des impressions nettement moins fortes, c'est un signe de je ne sais quoi]. Nous avons senti hier soir qu'il y avait quelque chose à creuser à Assos. Nous filons vers le point culminant où git encore les vestiges d'un temple dorique/ionique dédié à Athena. Si le style classique attise notre intérêt, il existe un rectangle de 200 mètres de large sur 350 mètres de long aux pieds de ce site occupé par un village animé, nous dirions "médiéval" en France. Encore une fois, la sagesse humaine flirte avec la propension à consommer, mais la finesse ottomane sait manier l'équilibre. Nous ne nous intéressons presque jamais aux images ou aux histoires des endroits que nous allons découvrir et quand je lis les descriptions par la suite, j'admets que très souvent j'apprends des choses que j'ai voulu moi-même imaginées ou créées.

L'ascension avec une poussette à une température de 35°C allait être compliquée, c'était certain, mais M. somnolait encore lorsque le frein à main a été serré méticuleusement. Je m'enivre des pierres et des moellons déchus de leur majesté, brisés, piétinés par les cuirs, érodés par les averses déversées sous de gros nuages divins, frottant le sol naturelle et glissant de plus en plus bas. Ce sanctuaire, me dit N., est le seul sanctuaire dorique conservé en Asie ; il a été bâti un siècle avant le Parthenon. A l'habitude de la "civilisation occidentale" ou de l'Europe, un morceau de la frise de l'architrave est allé orné les galeries du Louvre ; un présent d'un sultan à Louis-Philippe en 1833. Nous contemplons chacun pour soi les panoramas. Le site est immense, je le comprendrais plus tard. Assos a accueilli au quatrième siècle avant notre ère de nombreux philosophes et Arisote y séjourne trois années. Plus tard, une mosquée viendra épouser un probable bâtiment paléochrétien et un village s'implantera. Me revient en mémoire l'histoire de la Ligue de Délos. Tout en pente, en maisons de pierre, en cours et jardins ombragés. Pendant que N. parcourt les boutiques artisanales, que M. joue avec son épée de bois, je m'impatiente en observant le manège des résidents, des touristes et des chats. Nous prendrons l'option de dîner sur place au coucher du soleil dans une maison coquette face à un paysage crépusculaire : Kabak çiçeği et mantı. Pour la deuxième fois, nous empruntons la route de nuit à destination de notre lieu de couchage, le son des graviers ou les virages abrupts me semblent familiers cette fois. <

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