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La Route du Crabe
19 janvier 2010

Le long de l'océan jusqu'à Tarfaya

> Il y a des moments où l’euphorie et la curiosité retombent. Soit parce qu’on a trouvé le havre, soit parce qu’on se sait plus comment ou si on peut encore se remplir « le réservoir ». J’en étais là ce matin (sans doute aussi parce que j’ai bouffé un truc daubé).

A 7h00, je retourne voir l’épave de Kréma, je n’aurais pas dû… Je reviens dire bonjour à Amid que j’ai laissé dormir et à sa maman. Fatima, toujours aussi bienveillante. Elle m’invite, elle invite ma famille, elle dit que je suis comme chez moi, qu’elle est comme une maman. Fatima, mère de deux enfants et mariée à 14 ans, et se logeant  difficilement pour 4000 Dh, un fils à العيون (Laâyoune) pour la pêche et l’autre travaillant difficilement à Kréma. Je donne le sucre et les œufs qui ne me serviront pas et que je devais cuire hier soir. On prend le petit-déjeuner ensemble (et je dois accepter sa mixture énergisante fait maison).

Le défilement à nouveau me charme. Les collines vertes qui bordent l’océan que je ne vois plus. Tan-Tan Plage ce soir. Foutu aridité qui pointe son nez, dromadaires errant paisiblement et déchetteries à ciel ouvert tout du long. Ma première contravention ! L’impact sur le pare-brise existant depuis Marrakech, c’est une amende de 100 Dh selon les deux flics. J’obtempère souriant, relax et j’accepte de payer le pot-de-vin. On discute sympathiquement et ça baisse à 50 Dh. Je dis « c’est gentil » et ils vont chercher la monnaie, puis bénissent ma route…

Le soleil cogne encore quand je franchis les portes de Tan-Tan (cinq haltes de gendarmerie royale plus tard). Pause. Je m’assied au café et j’analyse : plus de batteries de téléphone, plus de batteries dans mes lecteur MP3, sale comme un poux, salé et gras, mal rasé, mal coiffé. Je partage ma dernière enveloppe : la location de voiture et le reste. Je pense à demander conseil : « Smara indispensable ou non ? »… Arrive le déclic. Smara n’est pas ma quête, mon final. Je dois poursuivre plus loin oui, mais autrement, sans Smara. طرفاية (Tarfaya) est mon aboutissement saharien occidental. Celui qui caresse l’océan. Je reprends la route prêt à recevoir à nouveau.

203 kilomètres après, j’ai encore avalé de belles choses. La route mangée par le sable, les falaises surplombant les vagues immenses, les dunes renaissantes, les oueds aux allures de chez moi, les abris de pêcheurs tout le long, la silhouette inconnue du Sahara Occidental, la ville à l’odeur poissonneuse et au goût sablonneux et l’hôtel que j’apprécie. Un vrai appart pour 100 Dh (cuisine, chambre, salon, couloir, salle de bain). Je décide de n’occuper qu’une pièce en dormant sur les matelas du salon. Abdou le sahraoui qui vivote mais contemple ce qui l’entoure, Farid de Midelt prisonnier du sable. Le port et la ville dont la routine est l’ensablement et la pêche. On se sent peu au Maroc ici. Les Sahraouis, les Marocains, les Sénégalais, les Européens, les vagues qui défilent et dont les embruns se condensent instantanément au contact du désert qu’il soit de sables, de roches parsemées de touffes végétales, de kilomètres sans âme visible. Je remercie mon téléphone et j’ai reprogrammé la fin de mon voyage. Inch Allah. <

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