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La Route du Crabe
6 mai 2019

Agrigento / Valle dei Templi

> Dans la rue principale de Porto Empedocle, une brise souffle et le soleil semble plus déterminé. Nous le méritions, il me semble. Le temps du petit-déjeuner me laisse le temps de réfléchir à la possibilité que ce port à la fois charmant et repoussant, à quelques milles des côtes tunisiennes et face à la Lybie, précisément à Tripoli, soit le théâtre sordide d’une histoire de migrants. Les silhouettes aperçues des bateaux à quai, le terminal portuaire reconnu, il faut se rappeler qu’ici existe une ligne régulière pour Lampedusa. La Sicile regorge de destins maudits, cela ne fait aucun doute. Les esprits des dieux antiques doivent se lasser du défilement continu des nouveaux Ulysses. Je lirai plus tard que les croisiéristes intègrent ce port dans leur circuit, une escale culturelle.

Akrágas, colonie grecque fondée sur un promontoire exceptionnel au 6e siècle avant notre ère et qui devient une métropole antique de 200 000 âmes, selon les sources. La Ville d’Agrigente et son territoire était alors une des plus heureuses habitations qu’il y eut au monde [...] Les vignes y étaient d’une beauté et d’une hauteur extraordinaire ; mais la plus grande partie du pays était couverte d’oliviers, qui donnaient une quantité prodigieuse d’olives, qu’on portait vendre à Carthage, écrivait l'illustre chroniqueur Diodore de Sicile. Les accès aux fameux sites grecs pourraient faire peur : les files d’attente grossissent, les entrées ont l’air démultipliées ; il faut choisir ou trouver la bonne sans perdre trop de temps en voiture. On frôle la ville moderne avant de remonter sur une colline d’oliviers et d’arbustes divers. Nous espérons un voyage dans le temps en parcourant les temples doriques dont l'élévation provient d'une anastylose précoce ou leurs vestiges : Temple D ; Temple F l'un des trois mieux conservés du monde et sa monumentale statue en bronze d'Igor Mitoraj représentant Icare à terre et que nous immortalisons tous charmés par l'effet voulu de perspective ; la nécropole ; Temple A dédié à Héraclès ; Temple B (Olympiéion) dont se perçoit seulement l'échelle titanesque grâce aux ruines gisantes. Plutôt rassassiés, nous nous contentons du parcours dans l'agora inférieure.

Posés dans le parc archéologique sur une terrasse animée par les coups de vent, il est temps de se préparer à la suite du voyage. Nous ne parcourerons pas Agrigento. Je visualise tant bien que mal l’itinéraire dans ma tête ; le plus simple est, à l’heure qu’il est, de passer par Catania et j’estime une arrivée vers 17h00 à Siracusa, ce que confirme le navigateur automobile. Nous aurons une journée pour profiter de cette dernière étape. Nous bouclerons la boucle vers 16h15 en revoyant l’aéroport, la silhouette de l’Etna et la masse urbaine à ses pieds. La poussière que nous laissons derrière nous me stimule… que j’aime aussi ces signes indistinctifs de l’itinérance. <

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