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La Route du Crabe
10 novembre 2011

La mer Noire

> Halte à Karabük, sans le savoir je suis passé près des 2000 mètres d’altitude de Yedigöller Milli Parkı, il faut changer de bus en fin de nuit légèrement pluvieuse. Comme d’habitude, je me blottis tant que je peux dans mon siège, je m’acclimate en observant mes compagnons de route, je branche le mini-jack dans mon téléphone et je sélectionne l’option aléatoire, je regarde le défilement des choses qui m’endort. A chaque arrêt, j’essaie de me motiver pour sortir ou je me presse d’aller aux toilettes. Parfois, la cigarette qui réchauffe est malvenue. Les uns boivent du thé, les autres discutent dans ces nuits qu’on s’offre en se payant le luxe de parcourir et de ne pas rester à sa place.

Ce matin, vu l’heure, j’ai opté pour Bartın et les rives de la mer Noire avant de revenir sur mes pas dans la journée pour Safranbolu. Première connerie avec ce taxi que je paie pour revenir de l’otogar vers le centre, ça me coûte un bras et heureusement j’évite à temps d'être déposé au port industriel comme je l’avais fait comprendre sans m’en rendre compte. Le jour est levé, les nuages sont bas, ce sont ces reliefs environnants qui captent et gardent précieusement ces masses dépressionnaires venues du Nord. Errance dans la ville trempée et grisâtre, un dolmuş m’éclabousse copieusement en passant dans la rue, il n’y a pas grand chose à faire, je cherche à manger, rien ne me va. Rendu à la place « intermodale », je décide de filer sur Asmara avec un estomac qui attendra. Le paysage se ranime progressivement, les couleurs automnales se dégagent de la grisaille, les reliefs s’arrondissent et j’arrive dans ce petit port de 6500 âmes coiffé par une citadelle. Voilà la mer Noire. Le soleil perce gentiment et m’encourage à déjeuner dehors sur la terrasse d’une gargote installée sur la plage. Entre les barques des pêcheurs amarrées et Toby le vieux berger allemand enchaîné, j’essaie de changer mon moral englué de nuit, de pluie et de gris. Il me semble plus difficile de me faire comprendre.

Le petit port prisé des Stambouliotes est tranquille. Depuis la citadelle, des portions de panoramas apparaissent de ci de là. Une vieille église byzantine transformée en mosquée, des vieux qui me sourient en remplissant leur bidon d’eau potable distribuée au cul d’un camion citerne. Je redescends sur le port de l’autre côté, vers la digue pour respirer cet iode inconnu, découvrir la forme des rochers, le goût de la mer, les îles, la couleur de l’eau, reconnaître un métier de pêcheur bien hérité. Bartın est une halte obligée, Asmara est une mignonne petite perle, d’autant plus que je me sens seul, sise sur une sorte de presqu’île, entourée par l’eau et agrémentée de petits spots au goût balnéaire. Je repars en dolmuş avec une question en tête. Quelle est donc cette personnalité statufiée que j’ai croisée ? Barış Akarsu (1979-2007), un enfant du pays qui s’est fait connaître par la Akademi Türkiye, guitariste rock devenu acteur juste avant de mourir à la suite d’un accident de voiture. Tamam. <

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