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La Route du Crabe
10 novembre 2011

Safranbolu, l'ottomane

> Manger dehors est un peu osé, mais il faut dire que les ruelles pavées et glissantes de Safranbolu sont coquettes et chaleureuses et qu’on a envie de s’y appesantir. La faute aux vitrines des échoppes, aux ampoules qui pendent de n’importe où et des poutrelles en bois qui consolident chaque parcelle. Aucune déception depuis mon départ d’Amasra. Il a simplement fallu reprendre la direction de Karabük, puis de là, se faire déposer avant Kıranköy, la ville moderne, dans le fond de vallée où la route dessine un lacet géométriquement parfait. Malgré l’indication du chauffeur et les panneaux, mon hésitation grandit proportionnellement à l’humidité ambiante, pourtant à en juger les pavés, je dois bien me diriger vers Çarşı, le centre historique de cette cité ! N. m’a appris à demander, chose que je fais avec mon accent incompréhensible. Ces premières rues sont bien tristes par rapport aux descriptions que j’en ai eues. J’ai fini de grimper et me voilà en train de redescendre. Plus bas, apparaît la vieille ville. A la recherche d’un lit pour la nuit, je découvre donc le konak, grande maison de l’architecture ottomane classique (la première pension est assez bluffante d’ailleurs) et les premières silhouettes de la ville. Plutôt petite, recroquevillée sur elle-même, l’idée habituelle est de repérer les points et les axes majeurs qui se répartissent au bon vouloir du relief.

La pluie entre en jeu. Il fait froid, mais pour le moment, c’est encore supportable. J’imagine que la fréquentation estivale doit considérablement changer l’impression qu’on se fait du site. Malgré la pesanteur du gris, la saison est belle : les feuilles rougies et jaunies commencent à tomber, et que ce soit ici comme dans certains quartiers d’İstanbul, les branches qui habillent les rues, indispensables en été, sont encore globalement parées. Elles épousent les murs et les poutres comme la nature arrive si bien à le faire. Les maisons sont donc typiquement ottomanes, du temps où le bois abondait et se travaillait tellement pour qu’on en use dans tous les endroits, tous les royaumes et empires fournis. Murs de pisé à encorbellement, rez-de-chaussée presque aveugles pour éviter d’être vu, le premier étage pour les femmes qu’on nomme haremlık, le deuxième étage pour les hommes baptisé selamlık et divers espaces et aménagements selon les fortunes, voilà l’organisation spatiale d’un konak.

Ce voyage, périple plutôt long et sinueux quand je le prévois au jour le jour sur la carte, sera plus urbain, à considérer les haltes et les promenades à pied. Mais la boucle semble belle à oser dessiner. Safranbolu a le charmes des villes fortement fréquentées, puis oubliées jusqu’au moment de la reconnaissance de son intérêt culturel (et économique). Partout, la présence du bois donne cette chaleur au lieu qui atteint sa plus belle résonance quand on traverse Yemeniciler Arastası, le marché au cuir et sa cinquantaine d'échoppes fermées pour l'heure. <

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