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La Route du Crabe
11 novembre 2011

Yorük Kölü

> Grise matinée. Les brumes matinales ou les nuages qui recouvrent les reliefs et ensevelissent les fonds de vallée influent sur l’ambiance humaine. Froid et humidité, rien ne vaut cette addition pour mieux apprécier les petites loupiotes qui éclairent nos pas le soir venu, les vitrines bien mises en valeur, les fumées opaques s’échappant des cheminées et des conduits de poêles, les tuiles rouges qui intègrent un peu de couleur à ce paysage mélancolique. Dans ces climats, on aime autant le « chez soi » des autres que le sien. Pourquoi écrire ? La solitude ouvre autant de portes qu’elle pèse sur les muscles du visage. Ne pas parler est parfois compliqué pour celui qui découvre, emmagasine et ne partage que très peu.

Passage le long des reliefs – la carte se déchire de jour en jour –, pour arriver à Yorük Köyü vers 10:50, quatorze kilomètres plein est en dolmuş. Pas un chat (au sens figuré comme au sens propre), je reviens sur mes pas visiter le cimetière musulman quand retentit du village l’appel à la prière que j’avais pratiquement oublié depuis mon arrivée (serait-ce à cause de Bayram ?). La visite tranquille du village dure une heure et demi, en silence et en effet, le site est tout aussi marquant que Safranbolu, l’inscription de l’UNESCO en moins. Les vieux animent quand même le village dont les konak du 16e siècle sont parfois très ruinés, au bord de l’oubli. Les vieux se retrouvent au pied de la mosquée pour un thé. L’un d’eux en retard se hâte sur les pierres glissantes. Pendant que j’attends le bus, une vielle s’occupe à m’observer de son premier étage, déplaçant de temps en temps le petit rideau brodé de la fenêtre. Les volets sont d’une esthétique astucieuse frappante, je l’ai découvert en me couchant hier soir assez tôt et je le détaille ce jour. Alors que je m’immobilise pour admirer un écureuil perché sur la vieille poutre vermoulue d’une maison, une vieille dame s’intéresse à ma présence et souhaite échanger deux ou trois mots. On regarde ensemble l’animal, un sinjap. Naïveté des rencontres. La pluie, le beau temps, les conversations essentielles dont on se moque au quotidien, ont une tout autre portée ailleurs. Yorük Köyü n’est pas encore assez connue, le prix des taxis trop prohibitifs, mais le bus à ne pas rater n’est pas à portée de tous… Alors heureusement, une voiture KARGO PTT arrive pendant que je m’avance sur le goudron suintant vers la grande route 030 prêt à faire du stop. Le chauffeur me récupère, m’indique l’arrêt que j’ai manqué, mais me raccompagne gentiment au point de départ de 10h30. Le contour est de Safranbolu, la pluie soufflée et le bleuté qui réapparaît. <

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