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La Route du Crabe
5 mai 2019

Palermo, une matinée ensoleillée

> Un dimanche reste un jour à peu près comme les autres. Nous n'avons pas voulu partir trop vite, avons senti qu'il fallait encore s'orienter vers des quartiers inexplorés. Je souhaite visualiser la bâtisse où est né le père du cardinal Mazarin qui borde la Piazza Garraffello, c'est une ruine. Nous glissons vers la Piazza Marina, ses brocanteurs qui feront le bonheur de M. et ses gigantesques ficus magnolioides, aux longues racines aériennes. « Peut-être ma préférée, dit Alajmo, car c’est la plus chargée d’histoire : c’est sur elle que donnent certains des plus beaux palais de Palerme... C’est également ici que, le 12 mars 1909, a eu lieu le premier omicidio eccellente – un meurtre dû à la mafia et jamais élucidé : la victime était le policier italo-américain Joe Petrosino, venu de New York pour enquêter sur les rapports entre Cosa Nostra et la mafia italo-américaine ». Je revois le port de plaisance pendant que mes compagnons flanent encore parmi les vendeurs.

Le soleil nous a revigoré et nous suivons la promenade que longe le Foro Italico. Nous apercevons le rivage sans souhaiter nous y rendre. « C’est que Palerme a un rapport problématique avec la mer, explique Alajmo, et ça ne s’est pas amélioré avec le temps : les balcons des immeubles construits près du port dans les années 1960-1970 regardent vers le centre-ville... Déjà, l’écrivain Leonardo Sciascia avait remarqué que Palerme lui a tourné le dos. En vain, nous tentons de rentrer dans un bar à la mode installé dans un vieux palais. Petite pause dans ce quartier défraîchi de la Kalsa mais revigoré par des placettes que la jeunesse occupe. Ici toutes les contradictions se retrouvent. C’est une zone à très haute densité mafieuse. Au Monkey Pub, la boucle est bouclée et nous traversons une ultime fois cette fameuse via Roma dont le portrait ambigu s'explique peut-être car « une partie des boutiques sert en fait à blanchir l’argent sale, tandis que l’autre est rackettée ». Le soleil tape, un dernier regard sur le plan et ce que nous n'avons pas découvert, un dernier écart en solo vers le Palazzo dei Normanni, rapide car mes deux acolytes attendent. Le réservoir est plein d'essence, en route vers le sud, l'ouest attendra une prochaine fois, si jamais. <

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