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La Route du Crabe
4 mai 2019

De la Renaissance aux façades décrépies

> Un portrait paru en 2008 dans Le Monde correspond au ressenti de nos trois journées à Palermo. L'écrivain Roberto Alajmo se veut le guide du reporter missionné pour un papier sur ce haut lieu touristique sicilien.

Décoré par quatre fontaines baroques, le croisement entre le Corso Vittorio Emanuele... et la via Maqueda marque la jonction entre les quatre quartiers historiques de Palerme : l’Albergheria, le Capo, la Loggia et la Kalsa. Derrière un des coins se trouve la Piazza Pretoria, dont le centre est occupé par les bassins concentriques de la fontaine dite delle Vergogne (de la Honte), en raison des statues de nymphes un peu trop dénudées aux yeux des pieux Palermitains du XVIe siècle. Derrière le Palazzo Pretorio, siège de la mairie, les petites églises de Santa Maria dell’Ammiraglio, surnommée la Martorana, et de San Cataldo illustrent à elles seules dix siècles d’histoire [Chiite, Normande, Catholique] de Palerme... « Ravagée par les bombardements alliés de mai 43, la Kalsa a été progressivement abandonnée par la bourgeoisie et l’aristocratie. Mais cela fait une quinzaine d’années que le centre historique connaît une certaine renaissance, quoique limitée en raison des obstacles bureaucratiques... Au cours des années 1960-1970, la vieille ville a été désertée, à la faveur des nouveaux quartiers résidentiels sans âme voulus par le maire de l’époque, Vito Ciancimino, pour moderniser la ville et rendre service à ses amis mafieux. Ainsi, le centre historique est devenu la proie des plus démunis et des immigrés. Aujourd’hui Palerme est l’une des seules grandes villes européennes où les pauvres vivent dans le centre-ville, et les riches en banlieue ». La renaissance de la Kalsa n’est en effet pas évidente : il faut s’aventurer dans ses ruelles pour découvrir, au détour d’un palais du XVIIIe en ruine, les bars à vin et autres cafés branchés qui attirent le soir les jeunes palermitains.

A la faveur d'éclaircies qui ont vaincu les nuages gavés, atteignant l'imposante cathédrale, nous bifurquons vers le Capo nettement moins fréquenté par les groupes touristiques. On devine un vivier de commerçants en tout genre dans des ruelles assombries qui mènent vers la via Maqueda et ses franchises internationales. La pause déjeuner n'est pas des plus réussies. L'orgueilleux Teatro Massimo pousse à nous frayer un chemin dans les rues descendantes jusqu'au Museo Antonia Salinas. Nous y reviendrons plus tard pour y contempler des collections archéologiques. Une autre birfurcation par la Piazza San Domenico, et nous découvrons ce fameux endroit de la Vucciria dans le quartier de la Loggia. « Malheureusement, la Vucciria n’est plus ce qu’elle était : trop de films, de téléfilms et de documentaires ont fini par en faire une caricature d’elle-même. C’est devenu une icône ». Il est temps de faire une pause à notre nouvel hôtel Moderno qui n'a pas tout à fait le nom le plus approprié. Notre voiture est garée à la Sicilienne en épi autour de la verdure de la Piazza Franco Franchi ; j'ai même osé activer le parcmètre. <

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