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La Route du Crabe

21 février 2023

Temps plutôt maussade qui nous laisse espérer une

Temps plutôt maussade qui nous laisse espérer une amélioration, notre objectif est d'atteindre l'autre côté du bassin par les petites routes et de sortir de la voiture quand il nous plaira.

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20 février 2023

Ajourd'hui, l'idée est de ne pas trop en faire.

Ajourd'hui, l'idée est de ne pas trop en faire. De profiter de la ville et de ce qu'elle peut offrir avant de filer pour le coucher du soleil et l'apéritif sur la plus fameuse dune de France.

19 février 2023

Il y a toujours ce doute dans nos excursions de

Il y a toujours ce doute dans nos excursions de se retrouver à la nuit venue dans un gîte imparfait. Cette fois-ci, l'impression générale est bonne et on partage la même sensation de plaisir quand on dépose nos affaires à l'intérieur de cette cabane entourée d'une sorte de pinède. Nous avons tourné et retourné depuis la gare dans le quartier de la Ville d'Hiver avant d'atteindre le camping. Personne a priori, un temps plutôt correct, à peine frais, des bruits de nature et peut-être au loin le sourd thème de l'océan.

5 janvier 2023

Top 2022

08.
10.
04. Invisible Temple - Self Hypnosis
12.
09.
01. Lalalar - Bi Cinnete Bakar
03. The Black Angels - Wilderness of Mirrors
07.
10. Gondhawa - Käampâla
05.
02. The Smile - A Light for Attractive Attention
06. Gwendoline - Après c'est gobelet
11.

15 octobre 2022

North europa

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6 octobre 2022

Fils impossibles d'Orphée

Nous marchons en équilibre et avançons pas à pas vers un futur en laissant définitivement cette fois-ci le passé devenu désuet et rapidement marbré. Orphelins depuis quinze jours, nous ne ruminons pas trop, nous avançons. Fils impossibles d'Orphée, nous ne savons plus tout à fait comment nous lamenter. Les soudainetés ont ruiné notre vague-à-l'âme quotidien et comprimer les vicissitudes ordinaires, la finitude s'étend comme un voile soyeux sur chacune de nos journées. Les mélopées ne cesseront pas avant longtemps. Automne roi, tu nous offres encore la mort et la chante sous d'inégaux ensoleillements et d'inégales averses. Tes feuilles tombent moins vite que nos larmes. Bientôt, nous arpenterons les semaines infinies de décembre. Orphée n'est plus, j'espère l'entendre un jour au loin, bien loin, inspiré par la douceur de sa femme partie plus tôt et trop vite.

24 septembre 2022

Papa nous emmenait sur un bateau gonflable jaune

Papa nous emmenait sur un bateau gonflable jaune (marque sevylor) au large des côtes espagnoles, trop loin sans doute, mais cela semblait l’aventure. Papa conduisait jours et nuits ses voitures à travers la France, avalait les kilomètres sans trop parler, je crois. Il photographiait nos gueules d’amour sur les plages, au ski, aux fêtes d’école avec son 24/36 Fuji ou Canon. Papa chantait le bonheur et le spleen aux fêtes de famille quand nous étions encore très jeunes de sa voix tonitruante qu’on ne connaissait pas à la maison. Papa nous prêtait ses outils pour l’imiter et bricoler dans les caves de nos maisons. Il inventait aussi des onomatopées pour communiquer avec les enfants ou mettait au jour des noms de sportifs, souvent de cyclistes, pour les appeler. Papa nous défiait en duel, comme il l’aimait le faire, notamment sur la musique, laissant dans nos têtes ses mélodies préférées, prenant dans la sienne les nôtres. Taquin selon Yann, grognon selon Milan, bien plus aussi parfois. Papa nous donnait sa façon de démesurer le monde, pendant que Maman nous apprenait à le nuancer. Il nous apprenait la vie dans un sprint d’éloquence et de feinte certitude. Papa nous engueulait rarement, mais ses enfants chéris étaient quelques fois fauchés comme les blés. Papa, « Monsieur Dictionnaire » comme tu disais Héloïse, nous déclinait l’actualité du monde tout au long de nos repas de famille, une revue de presse durant laquelle on rencontrait la petite colombienne de 13 ans Omaira Sanchez comme Nelson Mandela. Papa ne nous amenait presque jamais au cinéma, Midnight Express une fois, pour se détendre en famille. Il nous enseignait les plaisirs de l’oisiveté en jouant aux palets, aux boules et nous initiait aux plaisirs de la table bien dressée… par les autres. Papa nous regardait regarder le monde et ne nous demandait pas de le décrire, il préférait en discuter. Papa aimait sa famille, il oubliait simplement de le dire en face.

Ce sont les marées de chagrin à la suite du chaos de novembre 2019 qui ont emporté notre père. Ce chagrin indomptable qu’on partageait tous, lui il s’en ait gardé une trop grande part qu’il a porté au fond durant trois hivers interminables et trois étés tiédasses. On l’a retrouvé comme il était, parfois, quand on ranimait ce que maman nous avait légué. Plein de malice et de philosophie.  On l’a vu aussi minorer son existence et son importance. Souvent la désespérance le rendait moins bienveillant qu’il ne l’était. On a rongé nos freins, on a essayé d’accepter ses errements et ses vagabondages. Le cœur de notre père a lâché deux fois, comme quoi il en avait un sacrément gros.

Le cœur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien

Maintenant, papa, c’est extra, tu es avec ta déesse.
Papa, c’est extra, nous allons t’aimer, nous t’aimons, nous t’aimions.

20 septembre 2022

We Are Accidents Waiting To Happen (2)

     Gare de Saint-Malo à 13h23, halte gare Pontchaillou à 14h12, rue Legraverend, souffle coupé et court, rue des Fossés, 3e étage, un fauteuil et une nouvelle spirale.

14 septembre 2022

Ce mercredi soir, à 19h46, tu m'invitais, nous

Ce mercredi soir, à 19h46, tu m'invitais, nous invitais, à oublier l'insuccès ressenti, le foirage des choses qui, comme tu me le répétais depuis quelques jours, n'aurait finalement que peu d'importance dans notre vie. Ta voix résonnait à l'ordinaire dans mon téléphone, emprunte de force et de certitudes. Réconforté mais encore touché par les événements, je confirmais qu'on passerait te voir le week-end venu, je n'en étais pas vraiment sûr, c'était juste probable. Tu portais encore tes enfants de tes bras solides même si parfois ils devenaient tremblants. Je me souviendrai de cette dernière leçon et de nos dernières conversations de juillet et d'août quand tu sondais au fond de toi pour trouver des circonstances ou des souvenirs faisant écho à notre projet de partir d'ici. Quand tu vivais autant que nous le doute, que tu comprenais notre culot, que tu énumérais les risques et déclarais précautionneusement qu'une marche arrière était même envisageable. Tu prouvais que tu savais encore t'occuper de nous pendant que nous apprenions à prendre soin de toi. Mercredi soir, je t'entendais une dernière fois tranquille et bienveillant.

24 mai 2022

New Town

     Dernier après-midi en Ecosse, le clan se sépare en deux : les mecs d’un côté, les filles de l’autre. J’ai fixé pour objectif d'amener M. dans la boutique Lego du St James Quarter ; le taxi nous dépose devant l’entrée nord, on retrouvera à l’intérieur J. et Roco venus en bus. Quartier libre après, au bon vouloir de notre hôte. Errance dans l’échiquier de New Town : un plan orthogonal conçu au 18e siècle en plein Scottish Enlightenment qu'habitent terraces (maisons chics), circuses (places circulaires) et crescents (ruelles courbes). Du Scottish National Portrait Gallery aux élégantes bâtisses du quartier de Queen Street Gardens… Puisque cela est possible, on stoppe devant St Vincent Bar, on descend l’escalier pour passer commande de deux bières et on poursuit dans la rue « Instagram » d’Edinburgh : Circus Lane borde Royal Circus, elle en épouse aussi la forme, c’était un lieu de résidence destiné aux cochers et aux palefreniers chargés de veiller les chevaux et les attelages de leurs patrons voisins. Alors puisque c’est pour Instagram, on se fait immortaliser avec M., bière à la main pour ma part, parmi ces « maisonnettes » ou « mews » et devant ces portes de garage, témoins des anciennes étables. Kerr Street vers la droite, on retrouve plus bas les filles en cours de shopping sur Raeburn Place. Le soleil cogne sur la devanture du Hectors, on s’y installe pour l’apéritif ; les décors de la planète Hoth sont sur la table jusqu’au moment où la serveuse indique qu’il leur est interdit d’accueillir les enfants de moins de dix-huit ans… « It doesn’t matter », c’est le moment de re-retrouver les filles pour manger.

     La nuit n'est toujours pas tombée, la découverte n'est toujours pas achevée. Nos écossais préférés nous invitent à bifurquer après un pont sur la droite : c'est la promenade de Water of Leith, sauf que cette fois-ci, on remonte vers la ville avec l'impression étrange d'être en campagne. Un monument aux allures de « faux temple romain » dissimulant un puits, The Dean Bridge qui fut le lieu d'un accident célèbre de bus en 1967, le Bell’s Brae Bridge en plein coeur de Dean Village, tout cela ne nous dit strictement rien et pourtant on arrive en bout de promenade non loin du château et à l'entrée occidentale de Princes Street. La nuit est tombée, le taxi nous ramène. Dernière soirée dans le salon au 40 Bryce Avenue.

Queen Street

Circus Lane

24 mai 2022

439,5 miles

     Pour une première « Left-hand traffic », après quelques légères frayeurs et deux égratignures sur les jantes, des passages trop serrés à gauche, un Lane-Keeping Assist qui m'a en partie pourri la route de Glencoe (LKA désactivé définitivement hier), le constat de marcher sur des débris de rétrovisseurs sur la route A82 ou un signal sur la pression des pneux (désactivé définitivement hier), je gare la voiture Bryce Avenue devant cette maison familière. 439,5 miles parcourus et nous retrouvons Edinburgh sous un ciel reconnaissant. Le Queensferry Crossing a été franchi vers 11h35, occasion pour zyeuter de loin et brièvement le Forth Bridge, l'un des plus longs ponts cantilever ferroviaires. Son rouge ne claquait pas à cause de la lumière zénithale. Vers 12h35, on traversait Granton en découvrant le port. Je reconnus l'entrée dans Leith et le King's Wark. A 13h00 et des poussières, la Vauxhall était garée sur le parking d'Arnold Clark Car & Van Rental.

Vauxhall

23 mai 2022

Road to nowhere

     L’envie d’un grand café et d'un peu de repos me pousse à accélérer. Nous laissons Ben Nevis derrière nous, c’est sûrement ce sommet arrondi drapé de brume, et filons sur une route triste noyée dans une atmosphère grise. Stob Coire Easain sur ma droite, des parcelles de neige ont résisté. Dans la voiture, trois de mes quatre compagnons pianotent sur leur téléphone afin de trouver la bonne adresse pour ce soir : celle-là, il ne faut pas la louper. J’hésite souvent à m’arrêter pour immortaliser cet itinéraire, le temps ne m'y incite guère et je crois au pub qui nous attend dans les parages. Je vais seulement deviner le cours de la River Spean et son barrage, le Loch Laggan et imaginer les Highlands à ma gauche. Foutu café qui se fait ardemment désiré ! Ce ne sont même pas les commodités qui nous motivent… Nous quittons l’A86, tournons vers le sud en empruntant l’A889 vers Catloge. Voici la porte des Grampian Mountains. Au moment de franchir la voie ferrée, mon copilote nous rassure : après ce dernier coude, il y aura Dalwhinnie, une distillerie de whisky et un snack ouvert pour se jeter hors de la voiture, commander un encas et choisir entre cinq destinations et hôtels... A l'aise et revigoré, je rallume le moteur de la Vauxhall noire et m'engage sur l'A9 en prenant la peine d'observer la baisse de l'altitude (a posteriori, je dirais en feet). C'est mon seul point de repère géographique du moment. Un double arc-en-ciel nous guide sur l'autoroute, nous en crevons un, BBC 6 en fond sonore. Les monts secs et rocheux ont remplacé depuis une heure les versants peuplés de résineux, mais bientôt c'est la diversité du paysage qui reprend ses droits. Pitlochry nous attendait ou l'inverse. Rassurés sur les prestations du Westland’s bed and breakfast, nous fonçons boire des bières en n'omettant toutefois pas de découvrir l'endroit.

A86

Pitlochry

23 mai 2022

Aux alentours des Highlands

     Il est dit qu’il s’agit d’une des plus belles excursions routières du coin, ce n’est pas faux… Les virages offrent à chaque fois des vues inaltérables où se défient en duel reliefs et rivages. Prendre sa distance avec les sommets des Highlands valait le coup. Route A861, après une pause pour tester l’avion de M., et sur les conseils de notre amie, nous prenons cette route caillouteuse, Dorlin Road, qui longe Rivershiel en direction du Castle Tioram. C’est un paysage à couper le souffle : 360° de luxuriance épousant le Loch Moidart que prétend dominer une ruine du 13 ou du 14e siècle. Parfait cocktail paysager écossais. Route A861, elle est à une seule voie – passing place fréquents –, mais le trafic est très réduit, les courbes nous ravissent, elles me fatiguent aussi. Nous croisons les bois de Salen, les moutons d’Inversanda et les rives du Loch Linnhe. On stoppe après le Corran Point Lighthouse. On embarque à 15h30 au Ardgour ferry terminale pour joindre en cinq minutes, après un débit de £10.00, l'autre rive à Nether Lochaber et revenir au final sur nos pas, route A82. Direction Fort William, mais nous birfurquons cette fois sur l’A86.

Route A861

Castle Tioram

23 mai 2022

Trainspotting

     Extirpés d’un hôtel au style clinquant mais bien défraîchi de Fort William, nous suivons la route A830 en direction d’un site incontournable : Glenfinnan. Il pleut et cela crée de l'inquiétude à ceux qui ne connaissent rien au climat d’Ecosse. Le rendez-vous est fixé à 10h45 : le parking est déjà rempli, les marcheurs se pressent, des attroupements se sont formés sur les flancs des collines qui se défont des enveloppes nuageuses. Du fond de paysage vallonné et verdoyant, se détache un long viaduc de pierre que va franchir un train à vapeur de la West Highland Railway Airline. Nous sommes des « trainspotters ». L’événement a son charme. M. pourra raconter qu’il a vu le train d’Harry Potter. De l’autre côté, derrière une colonne monumentale qui célèbre le ralliement des clans des Highlands en 1745, s’étend le Loch Shiel. Notre petite bande arbitre sur la suite du voyage : l’option de remonter jusqu’à Inverness par la A82, de se frotter à Nessie, puis de redescendre vers le sud est abandonnée au profit d’une boucle qui nous fera flirter avec la côte occidentale en empruntant des routes filant entre Loch Ailort, Loch Moidart, Loch Sunart et Loch Linnhe.

Glenfinnan

Loch Shiel

22 mai 2022

Au-delà du Ballachulish Bridge

     Il était temps de s'octroyer un café chaud. Le salon du Ballachulish Hotel donne sur un pincement de terres où se rencontrent les eaux du Loch Linnhe et du Loch Leven. Je flâne dans un couloir dont les murs sont décorés de peintures à l’huile et le sol recouvert d’une épaisse moquette. Je sors fumer une cigarette et reprendre un peu mes esprits : comme si la route m’avait stressé et enivré à la fois. Le ciel semble s’éclaircir un peu, l’atmosphère est moins lourde, moins pesante qu’il y a une heure. Après avoir longé le massif Bidean nam Bian dont j’ignore à vrai dire précisément l’allure, la route A82 a fini par redescendre en direction du village de Glencoe et des rives sereines du Loch que nous avons aperçues à gauche. Nous avons tourné après le pont sur la route B863 qui offrait ponctuellement derrière des frondaisons des panoramas discrets de bateaux au mouillage. Nous avons rebroussé chemin pour prendre ce café et se questionner sur la nuit à venir. L’option de rester à Ballachulish a vite été balayée. Nous avons refranchi le pont et continué l’A82 vers Fort William, en espérant que la taille de la ville garantirait une certaine animation… Laissant défiler beaucoup de panneaux « no vacancies », sous la pluie. Après une pause décisive sur un parking atteint au hasard, nous nous sommes repliés sur le Muthu Fort William Hotel… Et vite repliés ensuite dans le Ben Nevis Bar. L’établissement installé depuis 1806 allait offrir le réconfort que l’hébergement ne pourrait nous procurer et des saveurs qui effaceraient une amertume légèrement installée.

Loch Leven

Ballachulish Bridge

22 mai 2022

Glen Coe et les Highlands

     L’idée première de cette excursion est née en France : se diriger vers Glen Coe et les Highlands en empruntant la route A82. Le démarrage est long, mais vers 13h30 nous roulons sur la A84, Stirling dans le rétroviseur. Nous traversons Callander et la rencontre avec deux Highlands cows offre l’occasion d’un premier arrêt (Trossachs Woollen Mill). Un autre me semble opportun : Loch Lubnaig. Ce sera une plus pause longue pour profiter du panorama que domine Ben Vane pour les uns, mettre les pieds dans l'eau et jouer pour les autres. A85 maintenant. Le temps semble se gâter, plus précisément, les sommets qui apparaissent au loin se sont drapés d'un épais voile. Le Glen Ogle Viaduct est sans doute la dernière chose dont nous percevrons les détails. A82, nous y sommes, Ben More est aussi dans le coin. Le trafic plutôt inattendu ; on émet l’hypothèse qu'il s'agit des urbains nombreux à rentre chez eux en ce dimanche après-midi. Sauf qu’avec ce contrôle de direction, ces nids de poule, cette pluie intense et la conduite à gauche, je dois me concentrer davantage sur la route que sur les paysages. Ils s’intensifient, au moins ça je le remarque. Vers Loch Tulla, nom que j’apprendrai plus tard, la météo devient bien dégueulasse ; j’apprendrai aussi plus tard le plaisir de mes passagers à contempler ces paysages mis dramatiquement en scène par la pluie et le brume. A des instants furtifs, je saisis moi-aussi cette atmosphère incroyable – je suppose aujourd’hui que nous passions vers Lochan na h-Achlaise et Loch Ba, puis vers Rannoch Moor –. Je ne me souviens malheureusement pas vraiment du River Etive Bridge, ni du Glencoe Viewpoint et du Three Sisters Viewpoint. Est-ce à l’endroit où j’ai constaté le nombre de bris de rétroviseurs sur le bas-côté de la route ? Quoi qu’il en soit, j’ai invité mes acolytes à venir admirer Glencoe Waterfall et ce fut notre dernier arrêt avant Ballachulish Hotel.

Glen Ogle Viaduct

Loch Tulla

21 mai 2022

Vers la mer du Nord

     On a pris notre temps tandis que d’autres se hâtaient dans des bus en direction de Glasgow pour assister à un match de championnat entre les deux grands clubs d’Ecosse. Au moment où les bières coulent à flot du côté des supporters, nous prenons la route en direction de Tantallon Castle. Cette escapade me sert à prendre en main la voiture que nous venons de louer pour quelques jours. Parmi les options électroniques qui vont bientôt me prendre la tête, la seule qui vaille est le port USB ; j’y branche de suite une clé. Le littoral charmant est jalonné de bourgades plus ou moins grandes, généralement toutes polarisées sur une « main street » périmétrée de bâtisses en pierre n'excédant par un étage. On ne sait pas très bien si on doit parler d'une mer ou d’un fleuve, l’autre rive est devenue imperceptible en roulant. La campagne est généreuse en couleurs et se parent de reliefs caractéristiques qui nous dépaysent. Tartallan Castle : on arrive avant la fermeture. Avec N., nous ne comprenons pas tout à fait les mots que prononcent l’homme à l’accueil. La forteresse de pierre érigée au 14e siècle est posée face au large sur une falaise abrupte. Là, sans aucun doute, il s’agit de la mer du Nord. Au loin, une île blanchie par les déjections des oiseaux où se devine un phare, encore plus au loin, une silhouette qui pourrait correspondre à une plate-forme pétrolière. Le château semble souffrir jour après jour, son accès est provisoirement interdit (on ne peut réaliser aucun cliché original). L’ère de ce colosse est finie et il se fragmente inexorablement.

     North Berwick est une station balnéaire et un port de pêche à la fois. La petite ville est établie le long d’étendues sableuses, Milsey Bay Beach et West Bay Beach, séparées par une pointe rocheuse qui a servi de lieu pour édifier, après l’an mil selon les guides, St Andrew’s Old Kirk et qui sert aussi d’abri pour les infrastructures portuaires. Dans le panorama, l’île Bass Rock dont la réserve naturelle protégée motive des excursionnistes admiratifs des fous et des macareux. Le style et la structuration des maisons – « bay window » à chaque fois – sont les deux indices majeurs de notre présence en territoire britannique. Notre dépaysement demeure partiel, on pourrait dire. Une pause dans un « fish & chips » installé devant les bateaux de pêche, des ingrédients frais, des recettes sûres, rien à redire. Il est l’heure de retourner à Edinburgh, par la même route que borde le Firth of Forth, de passer une soirée dans le salon pour certains (Star Wars Battlefront pour le plus grand plaisir de M.), dans les bars pour d’autres.

Tartallan Castle

North Berwick

20 mai 2022

The King's Wark

     A l'abri de la pluie tombant dru depuis l’instant où nous sommes entrés dans le bus, une sorte d’empressement heureux nous conduit au fond du pub et, à peine débarrassés de nos épaisseurs supérieures, les bières meublent déjà le comptoir. Elles nous semblent méritées. La table est dressée. On tente de percer les secrets du menu ; c’est à ce moment que les rayons du soleil transpercent les fenêtres de la rue et les carreaux de notre loge. L’ambiance est agréablement bruyante, c’est la fin de l’après-midi, cela me semble tôt pour s’attabler, mais se fondre dans la masse reste la meilleure des options dans un pays étranger. Bières, Spritz d’Edinburgh, Scottish Seafood Chowder, Highland Venison Stew, Shetland Mussels et West Coast King Scallop, l’Ecosse se savoure, semble-t-il. Une cigarette sur le trottoir face au canal Water of Leith qui débouche plus loin dans le port, une brève tentative pour se repérer et retour dans cette institution du 36 Shore « built in 1434, rebuilt after 1544 ». Just go there ! Une balade digestive nous mène dans Leith, au travers de rues assez inanimées et d’un parc bordé de maisons cossues. Dernière présentation du «Family Day Ticket » n°4047.

The King's Wark

     Plus tôt, nous avions profité de la parfaite connaissance de notre hôte de la capitale. Une ascension mesurée d’un versant du Crow Hill jusqu’aux ruines de St Anthony’s Chapel environnées du jaune vif des genêts ou des ajoncs – je les confonds toujours –, un regard sur le palais majestueux des Stuarts et résidence de la souveraineté britannique, Holyroodhouse, juste avant de remonter de Canongate à The Royale Mile en direction du National Museum of Scotland. L’objectif principal du jour étant bien de vérifier la présence d'un tyrannosaure dans la galerie consacrée aux collections d’histoire naturelle. N’empêche que nous passons près de deux heures dans cet immense bâtiment victorien connu pour son hall à structure métallique et verrière. En passant : la double maison du 15e siècle attribuée à John Knox, les passages voûtés ou « closes », Old College de l’université d’Edinburgh, une pause au Black Medicine Coffee Co. Au sortir du musée, nous prolongeons la découverte d’Old Town vers Greyfriars Kirkyard – un caresse sur la truffe de Bobby –, Grassmarket et Victoria Street. Le vent fraîchit, mais chacun éprouve ce même besoin de rejoindre la terrasse d’un bar. Elle domine la rue colorée et touristique, le temps se gâte encore. Les petits soldats sont de sortie. Lady Stair’s close, une parenté avec la Tour Rose de Lyon, c’est ainsi que nous bouclons l’itinéraire en remontant le long de Waverley Station.

St Anthony’s Chapel

The Royale Mile

19 mai 2022

Old Town

     Têtes embrumées par les retrouvailles dans un jardin inconnu sous un ciel clément, mais surtout par les bières ajoutées au vin qu'a couronné une dégustation de whisky, nous oxygénons le sang et le cerveau sur la plage de Portobello – la balade du chien Roco est un prétexte parfait pour se remettre d'attaque –. Les façaces des immeubles de King's Road m'impressionnent : les lignes verticales des façades combinées à l'oblique de la rue troublent ma perception de la perspective. L'eau paraît fraiche. Le lointain s'orne d'une côte que je ne situe pas, est-ce l'autre rive ou le prolongement de notre terre ? Et derrière nous, derrière les toits des petits pavillons de la banlieue, le Crow Hill s'impose comme une cardinale à notre séjour.

     Il est l'heure de laisser travailler notre hôte et de monter dans le bus n°19 en direction de Princes Street. Alors revigorés par des matières grasses ingurgités au soleil à l'entrée du Queen Street Gardens, nous amorçons sans programme précis notre découverte le long de cette verdure qui fait office de trait d'union entre New Town et Old Town. Le son d'une Higland pipe couvre les freins des trams et les moteurs des véhicules lorsque nous franchissons les anciens remblais tirés des aménagements de la nouvelle ville, autrement dit The mound. Nos pas se dirigent assurément vers le château et la cité médiévale, itinéraire touristique approprié : New College, Ramsay Garden, Castlehill. Le point de vue n'a pas d'équivalent, les déambulations au travers des bâtiments sévères aux pierres grises éclairent un peu sur l'histoire écossaise. On approfondira plus tard. Un garçon de presque sept ans tente le défi de soulever un boulet de pierre de Mons Meg de 175 kilogrammes... Depuis les remparts et les bastions, on commence à saisir la configuration de la ville, ainsi que ses points de repère que sont Crow Hill à l'ouest (encore lui), les clochers successifs, celui rougi de Tolbooth Kirk, l'autre ajouré de St Giles' Cathedral, le monument de Calton Hill au nord-ouest, puis la partie sommitale du centre commercial St James Quarter, les rives du Forth au nord et pour finir les innombrables bâtiments au-delà de Lothian Road à l'est. Fatigués de notre marche hésitante et irrégulière, il est temps d'en finir et de remettre la découverte de la vieille Edinburgh à plus tard. Nous descendons The Royal Mile jusqu'à North Bridge. Attendons notre bus (même ligne, sens inverse, à gauche) à deux pas de The Balmoral et retrouvons nos amis pour un barbecue qu'épicent nos rires.

Portobello

Old Town

18 mai 2022

38 years old in Edinburgh

     L’attente est longue dans l’aéroport nantais. Celui qui a rajouté un billet pour le « speed boarding » est servi… Ryanair reste Ryanair ! Le trajet sera assez court en ce qui me concerne, je m’endors au-dessus de la Manche qui file sous la carlingue, peut-être même avant en fait, et je me réveille au-dessus d’un bras de mer inconnu – il s’agit de l’estuaire du Forth –. Nous foulons la terre d'Ecosse pour la première fois. Une cigarette à 17h29, le temps de scruter les neuf majuscules géantes de la capitale écossaise installées pour la photographie souvenir des voyageurs. Les consignes de nos amis sont simples à suivre : prendre le tramway, descendre à St Andrew’s Square, traverser et une fois sur le trottoir d’en face, descendre jusqu’à un arrêt de bus où passe la ligne 9. « Look right/Look left »... Désobéir, c'est aimer se perdre. On traverse le jardin orné d’une colonne, Melville Monument, on s’engouffre dans Rose Street, on revient sur nos pas jusqu’à Multrees Walk qui débouche sur un centre commercial.

     Cette attente d'environ vingt minutes me donne le temps de décomposer la ville : le skyline au sud doit appartenir à la vieille cité historique, l’agitation sur le trottoir d’en face est à relier à la présence de la gare, il y a comme une vallée mais sans aucun pont apparent. Il est 19h19, c’est évidemment en haut du bus n°19 de la compagnie municipale Lothian que nous fonçons avec M., pour juste se coller au pare-brise, les mains sur un volant fictif, comme pour mieux apprécier notre découverte d’Edinburgh et s'initier à la conduite à gauche. Bryce Avenue, vers l'ouest ou le sud je dirais, N. et J. nous attendent dehors. L’heure est venue de fêter dans le jardin d'une chaleureuse maison construite après la guerre les trente-huit années de N. et c'est l'heure pour apprécier de vivre. Nuit tombée, quelques heures plus tard, le moment est venu de déguster le whisky.

Edinburgh Airport

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