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La Route du Crabe
turkiye
2 octobre 2016

Deux nuits à Izmir

> Retour à Izmir la veille du mariage. Tout va se passer très vite, c'est dommage. L'alcool et la drogue ne vont pas arranger la sensation de courir après le temps et d'en manquer. Tout commence surtout lorsque nous nous retrouvons entre amis, M. profite de l'attention de tous et en abuse pour faire le gentil malin. Il se doute bien que cette soirée, il aura le droit de se coucher tard. En fait, je m'attends à ce qu'il s'endorme comme un roi dans sa poussette et qu'il nous laisse quelques minutes pour les autres.

Notre table numérotée 1 est la plus proche des mariés et de la piste, alors que nous y arrivons la tête embrumée et les yeux rougis, le dîner commence, la musique démarre doucement. Le hic, c'est qu'une infraction vient d'avoir lieu dans l'appartement loué par cinq amis et ils quittent temporairement le mariage pour informer la police. L'ambiance va inexorablement souffrir de ce contre-temps. Je préfère me rafraîchir avec des bières : pour une fois que je ne suis pas obligé de boire du vin blanc et du vin rouge à un mariage, autant en profiter. Arrivera le moment de prolonger la soirée au rakı. M. tente quelques sorties pour comprendre l'événement et les jeux de lumière. Il scotchera ensuite sur les danseurs et les sonorités traditionnelles jusqu'à l'endormissement.

La danse tcherkesse (origine de notre amie) théatrale et la mélodie lancinante de l'accordéon me semblent parfois familière. Le moment pourra semble long pour les Egéens qui dévoileront aussi leur pas, mais le moment est assez unique — je risque de ne le voir qu'une fois dans ma vie —. La nuit bien entamée, nous gagnons tous ensemble la piste, certains ont le droit de se moquer des autres. Le principal est cette communion heureuse qui nous anime et nous rapproche. L'heure tourne, le mariage doit s'arrêter, l'after peut avoir lieu. Je rentre avec M. en taxi jaune vers notre hôtel sans prendre le temps de faire la bise à tous. On fonce dans le nord de la ville en silence, j'achète une bière et des sucreries dans un buffe encore ouvert, je pose Milan sur le grand lit, j'ouvre ma bouteille et quelques minutes après, le glucose en moi, je sombre également. <

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29 septembre 2016

*

> Je m'étais promis de repenser à Aylan qui s'était noyé il y a plus d'un an dans les eaux d'ici avant d'être déposé par les courants sur la plage au sud de Gümüşlük. J'ai oublié de le faire à temps pris par mes préoccupations de vacancier éhonté. Le dégoût que ce souvenir aurait fait surgir n'était sans doute pas compatible avec ce que je voulais vivre en famille. Je regrette amèrement cet oubli. Il m'aurait fallu juste deux secondes sur ce balcon pour rendre mémoire à ce petit Syrien. Juste deux secondes pour ne plus incarner ce que nous sommes le mieux : des monstres d'égoïsme. <

28 septembre 2016

Une soirée à Bodrum*

> Au contraire de certains, j'aurais mis du temps à découvrir Bodrum, la jumelle des villes grecques avoisinnantes : blanches constructions autour d'une rade aux bleux intenses soumise au vent. L'endroit a tout pour satisfaire le vacancier agité et urbain. La tranquilité n'est pas une préoccupation qu'on approfondit ici et l'idée du site est plutôt de satisfaire complètement le passant : des magnifiques yachts, des terrasses sur les plages, des restaurants ou des bars ayant presque tous vus sur mer, des rues commerçantes, des agences de location de voiture, des excursions dans les environs, des boutiques folkloriques ou distinguées. En Turquie comme ailleurs, le balnéaire rime avec "à faire". Tout est supportable en cette période malgré tout, et le charme se niche toujours quelque part ici : de Gümüşlük à la baie de Mazıköy, dans la presqu'île de Yalıkavak ou dans les panoramas qu'offre Bodrum.

Encore une fois, en raison d'un vieillissement sûrement, je retrouve des sensations de mon enfance estivale espagnole (la vieillesse puise dans l'enfouissement des choses). Des odeurs végétales surtout, surgissent des souvenirs flous, dilués ou précis. Les bruits du soir... lorsque les enfants trainent encore à des heures que nous ne permettrions pas en France, lorsque les musiques s'échappent au loin des bars ou clubs.

Cigarette après cigarette, grappe de raisin à même portée de main qu'un verre de rakı, je relâche mes nerfs et mes anxiétés depuis le balcon. J'apprends à nouveau à respirer après cette pneumonie qui m'a montré les conséquences d'une année mal supportée. Des lumières se balancent depuis les mâts lointains. Les moteurs des pêcheurs ronronnent de temps à autre. Les grognements des duels entre chiens ou chats fendent parfois le partiel silence de la nuit. Si je devine des voix, elles m'échappent car elles sont turques et cela ajoute à mom impression d'être enfin bien nul part. Chaque soir sur ce balcon, je me ferai ce même constat. <

26 septembre 2016

Une nuit dans le ciel

> Pendant que le boeing fend l'obscurité tombée bien avant notre départ, j'observe les traits fins et fatigués de mon fils. Il tardera pas à sombrer après sa partie de rigolade dans le jetway et avec les passagers. Je ne prends plus le temps comme avant de deviner parmi les lumières minuscules qui jonchent le sol ces communautés qu'on ne découvrira jamais, certaines dont on ne sait pas comment elles se sont implantées dans autant de noirceur. Moi aussi finalement, je me sens envahi par une somnolence réconfortante après l'agitation du départ. Les uniformes de la compagnie ont changé ; N. retrouve une collègue avec qui elle partage une boisson chaude au fond de la carlingue. Je viens de m'endormir malgré le ronronnement puissant de l'avion. La nuit se passe au-dessus des populations endormies de la Méditerranée. Bientôt, nous arrivons dans un nouvel aéroport que je n'avais jamais parcouru. Les yeux dans le vague, M. dans les bras ; nous récupérons nos lourdes affaires pour rejoindre une Renault Symbol blanche réservée entre Rennes et Nantes. La fraîcheur ambiante et le vent nous saisissent. Il faut prendre de l'essence, puis une route inconnue, rentrer dans une ville inconnue, rejoindre un hôtel à peu près localisé. Les néons du Halikarnas — fameuse institution de la nuit turque — éclairent notre dernier virage. Il est temps de se reposer avant l'aube égéenne. <

3 juin 2016

Istanbul : Bosphore (2011)

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28 mai 2016

Karadeniz

18 mai 2015

AŞK ve N

> Mutlu Yıllar Aşkım. Cela fait maintenant 5 années et des poussières. Le 10 octobre 2009, on commençait cette aventure folle, celle qui marqua ma vie à jamais. Puisque certaines choses ont le droit d'être écrites. <

26 janvier 2015

Réflexions du retour

> Derniers jours et dernières bouffées de cette agglomération qui hésite à devenir comme ses grandes soeurs turques ou à se pavaner comme la place touristique sans rien chercher de plus. Le vieil Antalya se meurt chaque jour, je pense. Les promoteurs à la solde d'un gouvernement trop mal inspiré par le fric et le pouvoir s'en donnent à coeur joie. Mais il reste dans ce courant des poissons qui nagent dans le sens inverse et qui feront que cette ville continue de me charmer. La prochaine fois que je reviendrais, il y aura un nouveau bar, j'espère. On aura détruit celui où j'allais boire une bière avec N. devant le feu de cheminée dans le jardin en contre-bas, mais un malin créera une nouvelle zone de quiétude. La ville ne tient qu'à un fil, elle-aussi.

Pourtant, intérieurement, je sens que le mal est fait et que la défiguration des sociétés va continuer au profit du profit et de l'économie de marché. Antalya, malgré sa jeunesse invisible et son horizon montagneux baigné par la Méditerranée, se noiera dans le mercantilisme outrancier et le débordement de fric et de luxe.

Un dernier regard en avion sur le trait de côtes, les reliefs alentours et les lacs et au moment d'ouvrir plus nettement les yeux, je perçois la masse urbaine d'Istanbul. C'est une autre histoire personnelle, ce sera notre prochaine fois en Turquie, je pense. Les retrouvailles avec la ville de la tentation et du saut dans le ravin. <

25 janvier 2015

Antalya, un dernier café

> Au soir de la dernière journée ici, une énième soumise à la paresse et à la fatigue conjoncturelle, essayant de saisir la moitié des phrases pour comprendre la moitié du sens des propos, le moment arrive où Ayla peut lire dans ma tasse de café. Et avec plaisir et concentration, alors que son état grippal a pour conséquence le ronronnement presque continu des climatiseurs. La lecture turque dans le marc de café est progressive, alterne avec d’autres sujets, inspirée et sérieusement jouée. L’assistance s’y soumet avec une sorte de vénération et/ou d’indifférence élégamment feinte.

L'augure m’apprend qu’un avenir apaisant m’attend, elle le tricote au gré de ses découvertes que seul le talent permet d’interpréter : des tortues, des oiseaux, leur nombre, des veines blanches qui s’insinuent dans le résidu agglutiné et qui symbolisent des routes donc des choix. Sa lecture est longue, elle me dira à la fin que cette tasse renfermait énormément de choses et qu’en cela, ce fut une séance très intéressante. Au final, affranchi de ma naïveté, je remarque que tout ce qui se lit dans le café est ce qui s’espère dans l’assistance. Que les gravures dans le marc sont toutes interprétées positivement, car tout le monde le souhaite, et qu’elles sont le signe d’un encouragement collectif à mon égard et sans doute à l’égard de N.

Il faut admettre qu’en cela, c’est un vrai don que de donner de l’espoir aux personnes qui n’en ont plus la notion et que c’est un vrai pouvoir de savoir déchiffrer les présages de bien-être dans un café qui n'a à l’origine qu'une vertu tranquillisante éphémère. <

12 janvier 2015

Izmir (2)

> Dernière soirée au cœur de la rive nord. Dernière cigarette au parfum de l’est de la Turquie, à l’arôme léger, au goût sec. Je vois ce qu’on voit presque partout dans les villes du monde, mais la densité urbaine donne ici l’impression d’être perpétuellement en contact avec la vie des autres : une fenêtre qui donne sur un salon allumée d’une lumière chaude, une porte vitrée sur une cuisine à l’éclairage trop froid, trop blanc, des ombres qui passent. Le skyline d’Izmir est plutôt chaotique ; même si la métropole pourrait se comparer à nos grandes villes, les nombreuses verticalités d’ici font dominer le sentiment d’être compacté.

Les vols des mouettes et goélands du début de soirée qu’on distingue à contre-jour d’un soleil couchant ne me font pas oublier que l’étendue marine égéenne s'engouffre dans la baie, juste à côté. Les vapör déglutissent les passagers qui rentrent du travail et dont je ne me lasse pas d’apprécier leur présence. Le thé ordonné à bord n’a pas vu son prix augmenté contrairement au reste de la vie ici. La traversée est revigorante, sous la pluie ou dans le vent d’une journée nuageuse. De l’autre côté, se cache une zone commerciale immense, labyrinthique, Kemeraltı, qui s'articule autour d’un caravansérail – Kızlarağası Han, rare monument préservé du 18e siècle –, et ses dédales renferment tout ce qu’on veut. Des placettes habitées par les tables des cafétérias ou des salons de thés, bornées par les mosquées, décorées par les fontaines en marbre et les réclames qui pullulent dans ce genre d’endroits.

Pourtant, celle qui fût appelée au 19e siècle "petit Paris" n'a pas une apparence si charmante. Hormis l'atmosphère qui doit rappeler la grande époque d'avant l'incendie de 1922, Izmir est bétonnée et orthogonale, dotée d'un urbanisme faussement homogène en front de mer. La ville soigne son patrimoine matériel, mais l'a perdu presque entièrement. La ville soigne son image économique et c'est cela qui compte dans notre monde. Il nous reste qu'à apprécier le bon goût des gens d'ici pour la pleine vie en soirée. <

11 janvier 2015

Alaçatı

> Madame Figaro, le 4 juin 2014, diffusait un article sur cette destination turque prisée en été des privilégiés d'Istanbul et d'Izmir. Un village au type égéen – des vieilles pierres parfois recouvertes d'un enduit blanc et des balcons colorés, en bleu le plus souvent, – qui séduit tant par son allure pittoresque que par ses boutiques branchées/distinguées. Une destination connue pour son championnat de windsurf. Bref un endroit pour la nouvelle destination gypset...

En déambulant en plein mois de janvier dans les ruelles d'Alaçatı, on aurait presque aimé y retourner au printemps pour fréquenter les cafés ou hôtels aux ornements soignés, s'arrêter aux petites terrasses aménagées de ci de là et remarquer les signaux discrets indiquant la proximité de la mer. Sauf que la coquetterie ne m'a pas charmé plus que cela, en tous cas pas autant que ces nouveaux trentenaires, dit bobos, installés récemment ici pour échapper aux bourdonnements des métropoles tout en important un zeste du capitalisme moderne et de la sociabilité urbaine. La coquetterie, le business, la focalisation ont des impacts qu'on n'imagine pas assez sur ce genre de village.

Il y a encore quelques décennies, on faisait du vin ici. Aujourd’hui, on fait du « Madame Figaro ». <

10 janvier 2015

Izmir (1)

> Déjà trois ans passés et je revois Izmir comme cette immense agglomération impénétrable. Au moment du virage dominé par la sculture du visage d'Atatürk dans la roche et les ruines du Kale, on rentre dans la fourmilère compacte et débordante. Ces maisons aux briques apparentes à jamais couvertes qui s'étagent par centaine sur une pente de colline ; ces mètres carrés gagnés à n'importe quel prix. Ces nouveaux buildings qui symbolisent la modernité, mangés au tiers par les écrans de publicité, mais qui ne marqueront certainement pas l'histoire du territoire dans le futur. Que verrons-nous cette fois-ci ? Bilmem... Cumartesi keyifi.

La ville me semble, après avoir partagé la combustion d'un tabac aux arômes provenant de Mardin (de l'agriculture kurde, semble-t-il), étrangement familière. Le stress de l'inconnu et du dépaysement s'évaporent quand le cerveau sait se défaire des superflus émotionnels. <

8 janvier 2015

La femme du Kirghizstan (2)

> Des cheveux mâles qui sont gardé précieusement, des enfants qui montent à l'âge de 5 ou 6 ans, de la nourriture variée à base de viande et de lait, des montagnes et une vie qu'on peine à imaginer. Cette femme de 43 ans, "kidnappée" par son futur mari quand elle avait 16 ans nous offre sans le savoir un horizon encore plus élargi quand elle répond à nos questions. Si sa vie rappelle des choses à la génération des grands-parents turcs, pour moi elle semble sortie d'un livre ancien ou d'une revue scientifique. Elle rit de voir un "chrétien" dans une famille musulmane et j'observe pourtant une similitude dans notre phénotype. Sur quelle étrange terre, vivons-nous et quel immense monde croyons-nous posséder ou s'approprier chacun de son côté de telle ou telle rivière, de telle ou telle chaîne montagneuse ? On pourrait un jour goûter au sol du Kirghizstan puisque la barrière de la langue n'existe presque pas. <

7 janvier 2015

La tempête

> Depuis trois jours, une masse dépressionnaire venue de Russie envahit la Turquie. La neige a recouvert les terrains agricoles comme les montagnes, les villes anatoliennes et les routes qui les relient. Antalya est préservée car la chaîne des Taurus (Toros Dağları) bloque l'avancée du front neigeux et la mer stabilise les températures. Près ou plus d'un mètre à Ankara et plus à l'est, du gel et des centimètres de neige à Istanbul, du vent en raffales glaçantes à Izmir et Antalya. Tout ce qui nous environne est blanc et les températures descendent en-dessous du seuil psychologiquement gênant du zéro. La vie semble différente quand le climat défie notre train-train quotidien et nos envies. Seuls les enfants savent s'appliquer à embrasser les choses comme elles sont. <

2 janvier 2015

La femme du Kirghizstan (1)

> Je ne m’étais jamais posé la question, mais en fait, il y avait peu de chances que je croise un jour la route d’une mère de famille partie de ses montagnes du Kirghizstan avec son fils, laissant derrière elle, le reste de sa famille. Partie pour trouver du travail et payer les traites de leur maison. Partie dans une ville balnéaire et gentiment agitée en se rappelant la tranquillité des pâturages où vivent les chevaux. Elle parle une langue turque, elle ressemblerait aux lointains ancêtres d’ici : un visage heureux à mi-chemin entre l’Asie et le Moyen-Orient. Elle repartira un jour chez elle, je lui souhaite, retrouver les cimes environnantes de sa maison, laisser son enfant laver son visage avec la neige jusqu’à sa mort, boire le lait de jument et préparer la viande à conserver, se sentir au centre du vrai Monde, celui où beaucoup d'entre nous sommes nés, entre Mongolie, Chine et mer Caspienne. <

1 janvier 2015

Erdoğan transformera-t-il la Turquie ?

> On attend, on espère, et parfois je doute sur la solidité de la jeunesse d'ici. Sont-ils comme nous autres irrités par le conservatisme, mais impuissants devant le pouvoir et la détermination des oligarques ? Les brèves éditées en France sont comme leurs noms l’indiquent insuffisantes pour comprendre si ses mesures changent la société ; je m’en remets alors aux observations locales. Les lieux de rencontres culturels informels seraient bientôt inexistants. La muselière des médias va-t-elle encore s’étendre ? Les familles conservatrices vont-elles gagner à se plaindre de la jeunesse débordante de vie ? Les élections de cette année ne changeront sans doute rien, il restera encore quatre années de mandature à ce jeune stambouliote qui a connu l’ascenseur social, puis encore cinq autres ? Un sultan s’est-il incarné en ce début du 21e siècle ?

Et pendant ce temps, les « trolls » vomissent leurs idées – leurs avis plutôt – qui motiveraient à revivre une autre guerre de religion. Je les remarque depuis longtemps chaque semaine, las de leur imbécillité. <

31 décembre 2014

A ton étoile

> Des points lumineux qui se perdent dans un ensemble ténébreux, pendant qu'au loin et le long de la courbe de l'horizon la dernière lueur orangée "se terre" et le fond bleu clair du ciel se mue en bleu roi, en bleu nuit. Belgrade après Zagreb et leurs communes environnantes où l'on discerne des vies, des multitudes de choses qui ne peuvent s'observer qu'à 33 000 pieds et qui ne provoquent que questionnements et imagination. Ces points de lumière jaune et blanche, leur quasi imperceptibilité, témoignent d'une existence et d'un éloignement incompressible.

Hier soir, s'est décidé la manière dont j'allais quitter Rennes. Ce midi, j'ai atteint sans encombre l'aéroport avec un délai confortable auquel je n'étais plus habitué et à l'aide de deux jeunes brétiliens fraîchement – ou plutôt récemment pour l'un et plus anciennement pour l'autre – convertis à l'islam. Comment ne pas juger quand nous y sommes confrontés ? En fait, c'est notre contexte qui nous définit parfois plus fort que notre conscience, la rebellion est nécessaire quotidiennement quand on est un humain. Si vous vous laissez noyer par la médiatisation du monde, je connais déjà votre pensée ; si votre femme qui vous attend et peut-être l'enfant que vous attendez est/sera musulman, vous vous en moquez comme le soleil se moque des territoires qu'il laisse à la nuit jour après jour.

Belgrade est loin maintenant, Sofia étend son existence résumée à des éclairages indistincts sous nos pieds. Aurais-je pu un jour trouver le temps d'y venir et de regarder dans le ciel pour savoir si dans un avion indéfini une personne chercherait à sentir un contact avec l'en-bas ? <

17 mai 2014

&gt; Retour au pays, le deuxième. &lt;

> Retour au pays, le deuxième. <

15 septembre 2013

En attendant la suite...

> Au moment de savourer une bière en cette fin de journée - évidemment accompagnée de toutes sortes d'arachides -, on pouvait visualiser par le nombre de décollages et d'atterrissages l'attrait touristique du coin, alors que la guerre pouvait éclater à des centaines de kilomètres d'ici, que l'Egypte juste en face se déchirait, que l'islamophobie dégoulinait et se répandait en France. On m'expliquait qu'il y avait un créneau horaire pour les arrivées, un autre pour les départs et deux aires de circulation aérienne différentes pour les vols intérieurs et internationaux. Mais dans tous les cas, tout passait au-dessus de la mer. Bientôt je devais rejoindre les queues de touristes bronzés, rassasiés ou non de leur escapade, prévisibles. Le camp des automates à la satisfaction communicative ou au râle pénible contre le camp des autochtones souriants, méprisants ou indifférents. La vie ailleurs est différente d'un voyage, d'un séjour aussi long soit-il. La vie ailleurs suppose que si un quelconque événement vous coince - et non vous bloque -, cela transforme tout simplement l'ailleurs en ici. Parfois c'est vous-même qui provoquez cet événement pour devenir à part entière un habitant. <

13 septembre 2013

Alanya

> Retrouvailles avec les vieux réflexes du voyage : s'extirper d'un endroit par le moyen de locomotion le plus comode du pays, patienter sous un soleil de plomb plusieurs minutes avant de rentrer dans l'habitacle d'un dolmuş climatisé, voir défiler les complexes hôteliers et découvrir parmi tous ces immondices quelques traces d'humanité et de nature, savoir prendre son temps en imaginant les curieuses vacances des touristes russes avalés le long de la route, puis déposés le long de cette même route, sortir tranquillement à l'arrivée et organiser la suite du plan du mieux possible... Alanya n'est pas un trésor de la Turquie, malgré ses millions de visiteurs annuels. Ce qui la sauve, c'est sa configuration particulière : une longue plage à l'Est, une péninsule haute et fortifiée depuis des centaines d'années, un port à l'Ouest. Le Kale parcouru, il ne reste qu'à profiter de l'eau et du sable de Cleopatra jusqu'au premier véritable sunset des vacances, quand les yakamoz apparaissent enfin. <

Alanya - MAGENTA POP

DSCF4240 - AMATORKA

 

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