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La Route du Crabe
turkiye
31 août 2011

Foça

> Hatundere, Yat Limani, Ponton, Station balnéaire, Oursin, Damla, İzmir, Alaybey. <

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28 août 2011

Çeşme

> Efes, Tuborg, DJ Set, Vodka Red Bull, Nuit blanche, Chaise-longue, İzmir, Bayraklı Iskele. <

26 août 2011

İzmir

> MD 463186, Adnan Menderes Havalimanı, Aliağa, Alaybey, Pides, Sigara, Karşıyaka Iskele, Alsancak Iskele, Yeni Rakı, Parov Stelar, Animals, 30 ağustos Zafer Bayrami, Şeker Bayrami, Mavi, Uzun sap bağlama. <

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30 novembre 2010

Antalya (Havalimanı)

> Après le keyif, je suis allé zoner sur la place que j'avais aperçue la veille en voiture. En haut de la marina en direction de Kemer, retour par les petites rues du vieux Antalya. Errances commerciales, pause déjeuner dans une cour comme il y en a tant là-bas et tavla, dîner chez Seçil et Tolga... A 5h30, les coqs se réveillent en chantant et à 5h45, sous ma douche chaude, j'entends une dernière fois l'appel à la prière qui finit par faire taire les chiens en effervescence une bonne partie de la nuit dans ce quartier. Le soleil pointe doucement à l'Est. Dernier aller en Clio sur les pavés, direction l'aéroport, terminal domestique. En terrasse du café, le corps serré, contraint tandis que le lever du jour colore cette dernière entrevue avec N. Le temps de la remercier et d'enregistrer cet endroit si symbolique. Dernière bouteille d'eau avant le retour dans le froid français.

Mais ce n'est pas le froid climatique qui secoue le plus. C'est le froid du retour et de l"éloignement. Paris -Orly, Denfert-Rochereau, Montparnasse et je ne sais toujours pas si un jour, je la reverrais ici avec moi aussi resplendissante que là-bas. Ce voyage m'a sûrement paru différent des autres, parce qu'il s'agissait de voyages vers quelque part et non pas d'un voyage vers quelqu'un. J'en comprendrais les conséquences bientôt, je crois. L'assimilation nécessite du temps. Il neige en France. <

29 novembre 2010

Antalya (Sabah pansiyon)

> Panorama Cafe. Malgré le vent et la nappe nuageuse, le soleil chauffe encore nos peaux. Je n'aurais connu que deux vrais jours de grisaille et quelques minuscules gouttes de pluie. Le hit turc du moment résonne. Décidément, si je n'avais pas connu N, j'aurais sans doute omis de venir séjourner à Antalya, pourtant si agréable. Zoner dans la vieille ville encore, sans objectif précis et sans impératif. Découvrir les bars du coin. Retourner à Neyzen Demhans pour se souvenir de ces échappées ensemble et de cette drôle d'histoire. Confronter nos visions et nos doutes. Ça y est, le soleil me cuit doucement. <

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27 novembre 2010

Les contreforts du Taurus

> En sortant d'une nuit bruyante, j'ai préféré boire le thé et prendre le petit-déjeuner avec les policiers plutôt que sur la terrasse de cet hôtel dans lequel je ne me sentais pas à ma place. J'ai acheté quelques pâtisseries pour le commissariat. L'accueil par la brigade de jour a été tout aussi charmant et s'est conclu à 10h30 par le retour intégral de mes affaires. Errance heureuse dans les ruelles en pente du vieux Mardin, croisant des gamins curieux de m'interpeller. Ben Türk değilim... Rendu en bas, analyse du site, lente remontée vers le palais du sultan sous un soleil ardent. Attablé dans la cour du Zinciriye Medresesi, je visualise parfaitement l'implantation de la vieille ville, les agglomérations des alentours perchées elles aussi sur un contrefort du Taurus. Des visiteurs comme moi, des femmes et des hommes mélangeant leurs visions du Monde et leurs styles. Et quelle magie quand le khol transforme des yeux en regard d'une intensité inégalée en Occident... En face de cette terrasse, la Mésopotamie, la Syrie et non loin de là, l'Irak moribonde. L'atmosphère est clairement orientale et la plus fortement ressentie depuis mon arrivée, rien d'étonnant. On retrouve cette incompréhensible urbanisation, ces terrasses qui donnent l'impression de donner sur la mer et c'est presque étrange de ne jamais la voir, ces toits plats squattés par les habitants ou les chats, ces gamins animés par les conneries à faire le samedi. Après l'ascension essoufflante, je redescends paisiblement vers un café-terrasse qui domine le site et d'où j'entends le muezzin qui me rappelle l'existence de la foi musulmane. Dernier passage dans la rue principale, je récupère mon sac à dos chez les policiers, je dis encore merci et part trouver un moyen de rentrer sur Antalya, à 1000 kilomètres d'ici. J'ai besoin de retourner là-bas avant de rentrer chez moi.

Un voyage existe quand le flux sanguin s'accélère et décélère périodiquement. Ne pas savoir où dormir, ne pas être sûr d'atteindre ce que l'on veut. Dépendre des autres et de leur loyauté ou de leur gentillesse. Rencontrer des obstacles et des facilités. Se sentir rassuré après avoir connu des inquiétudes ou des doutes. L'épisode en Turquie se termine bel et bien comme celui en Thaïlande, rythmé par les gares routières à la nuit tombée, les pôles multimodaux au petit matin, les locations ou le dolmuş, mode de transport comparable au songthaew, qui m'a permis de rejoindre Urfa via Kızıltepe (ah ce nom maintes fois prononcé sans être compris) et Viranşehir. La route était presque dangereuse et deux fois, l'ensemble des passagers a craint de se faire compacter les os entre deux semi-remorques.

Urfa me semble complexe à saisir ; sentiment idiot car j'ai seulement vécu la gare routière et les grandes artères urbaines bouchées. Les agences sont chaotiques, mais nombreuses. On finit toujours par trouver une solution. Attendre une heure et demi en théorie, deux heures en réalité, seul et sans parler, sans comprendre et sans argent en poche. Attendre et être sur les routes : résumé presque parfait de chacune de mes escapades.

En route pour Antalya (The Drive). Le littoral devait être fabuleux avant que les Européens et les Russes viennent le bousiller à coup d'hôtels immondes, de parcs pour enfants et de bitume sur les rochers et les racines des pins. C'est la France du sud, c'est l'Espagne de l'est. Seule la mer et les montagnes en arrière magnifient encore les lieux. Venir ici en masse a tué la beauté. Consommez votre planète puisqu'elle est à vous... <

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26 novembre 2010

En Commagène

> Me voilà allongé sur le lit d'un hôtel de luxe - Erdoba Evleri - au cœur de la vieille ville de Mardin. La chambre dispose d'un tapis rangé dans la table de chevet, d'un mini-bar malheureusement sans alcool, d'une salle de bain impeccable. Cette sobriété chic est-elle payée, offerte ou réquisitionnée par la Police avec qui je viens de passer toute ma soirée.

Tout voyage mérite un objectif géographique. Sans le savoir, le mien était Nemrut. Réveillé avant 6h00 du matin pour profiter de l'aube depuis la terrasse Est, jonchée de vestiges datant de plus de deux millénaires. Le froid de la nuit enveloppe encore les montagnes et progressivement, les premiers rayons irradient les sommets lointains et chassent les brumes matinales. La lumière glisse le long de toutes ces pentes caillouteuses et avec un plaisir brûlant, je la sens atteindre mon visage et cogner sur mon cuir. Spectacle éternel, seul face aux mondes naissants chaque matin de la même façon. Redescendu et après le petit-déjeuner, je prends le temps d'errer en voiture entre Nemrut et Kahta. Autre sanctuaire séleucide un peu moins haut, l'occasion de rencontrer Abucer que je dépanne en l'emmenant à la ville (petite mise au point nécessaire avant). Je prend aussi un vieux qui trainait non loin du pont romain. Abucer m'invite à voir Atatürk Baraji à quelques kilomètres de Kahta. Il en profite pour me raconter son histoire d'amour foireuse, la faute aux pères qui s'en sont mêlés... Les hommes d'ici expriment-ils un romantisme et une sensibilité plus facilement que les autres ? Je retrouve mon carnet de notes dans la première boutique de location de Kahta.

Dolmuş à destination d'Urfa pour 10 lira. J'apprécie aussi de ne pas conduire ; ce moyen de transport est définitivement une excellente idée. Je découvre, après la deuxième plus grande raffinerie de pétrole de Turquie, le site d'exploitation électrique du barrage d'Atatürk étendu sur des milliers de mètres. Autour de la retenue d'eau, on retrouve des paysages lunaires. Urfa est une ville dont je ne verrais rien, si ce n'est les embouteillages de la fin d'après-midi et les buildings tous identiques. Je zone encore dans un otogar avant de prendre le bus pour Kızıltepe. Il fait nuit quand je traverse cette ville bien fournie en pâtisseries et j'en salive. Transfert dans un dolmuş, départ pour Mardin. Arrivée au bout de la ville moderne, en bas de la vieille cité qui nous surplombe, le conducteur du dolmuş me jette gentiment dehors et demande au gamin sur le trottoir de m'aider. On attrape un mini-bus pour aller là-haut. Repéré par tous les passagers, un adolescent me propose un hôtel qui me semble bien trop onéreux - Erdoba Evleri - et en descendant, je comprends mon énième étourderie : j'ai perdu mon sac de ville. Branle-bas de combat, le gamin m'amène à la Police. Ils se démèneront durant trois heures pour trouver un moyen de récupérer mon sac égaré dans le dolmuş. Questionné (plus qu'interrogé) par une gradée en civil, l'ambiance se détendra complètement et finira par une sympathie partagée. Pendant tout ce temps, une famille débarquera pour une affaire peut-être très sordide, mais que je n'aurai pas comprise ; j'aurai vu une dizaine de visages étonnés, curieux, aimables, intéressés et qui m'auront offert en une soirée une attention et une gentillesse inoubliable en plus du repas. Mes remerciements ne suffiront pas.  <

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25 novembre 2010

Nemrut Dağı

> Déjà couché, l'air conditionné réglé sur 26°C, j'ai perdu pas mal de choses pendant ce séjour et ce soir, je me rends compte que mon carnet de notes a disparu. Mais quelle journée...

Après le départ de Göreme, j'erre impatiemment dans la gare routière en fumant plutôt beaucoup et malgré quelques inquiétudes, le bus pour Adıyaman-Kahta finit par arriver vers minuit et demi. Déposé à 7h30, et avant le traditionnel thé qui me réveille et me réchauffe, un responsable d'agence me hèle pour me proposer une excursion collective organisée et un couchage dans la pension de son frère. A cette heure-là, avec un sac sur le dos et rien dans le ventre, je ne suis pas très disposé à discuter. J'arpente l'artère principale qui coupe la ville en deux moitiés similaires à la recherche d'un Rent A Car. Petit-déjeuner attablé sur le trottoir. Le doute de réussir à trouver une voiture ici grandit doucement. Le bureau qu'on m'a finalement indiqué est encore fermé, deux commerçants voisins décident de me tenir compagnie. Assis dans un fauteuil posé sur le trottoir, je salue la ruelle qui s'éveille en visualisant les deux voitures qui vont sauver ma journée. Le propriétaire arrive vers 9h30 et ça commence à tourner au grand n'importe quoi. Puisqu'il n'y aurait aucun véhicule disponible, un anglophone se propose de m'organiser un tour complet de Nemrut avec son frère, on se rend chez lui dans la pension d'à côté pour nourrir ses chiots et je décline l'offre. Un ancien guide me capte dans la rue, me disant qu'il va arranger cela, sauf que la nouvelle raison invoquée par le loueur est la dangerosité des routes, ils me proposent un guide. Je quitte les lieux en réfléchissant à une réorganisation complète de mon planning. Dans la deuxième et dernière boutique de location de la ville, la comédie continue. On me propose de louer une voiture en me faisant accompagné par le responsable. Le temps de boire le thé  offert, j'observe la discussion furtive entre l'autre commerçant et mon nouvel interlocuteur. Affaire close : je trouverai sur Adıyaman ou je partirai ailleurs. Les Turcs ne doivent pas savoir que les Bretons sont extrêmement têtus.

Un premier dolmuş me téléporte là où il faut, un deuxième m'entraîne vers une autre ville... Adıyaman'a gitmek istiyorum ! et me voilà après ce malentendu, sur le bas-côté de la voie express. Je rebrousse chemin et tout s'inverse d'un coup, comme lorsqu'on imagine franchir un miroir. Deux jeunes me ramènent et me déposent devant un Rent a Car. Il est 12h30 lorsque je mets le contact et que je fonce sur Nemrut, impatient et satisfait. La route ne se complique que vers la fin du parcours à cause de travaux, d'effondrement de voiries ou d'un renversement de chargement. Rien de plus. Mais des paysages grandioses se dévoilent durant tout ce parcours : montagnes caillouteuses et immenses aux couleurs automnales.

Le Nemrut Dağı apparaît enfin dans son habit de froid et de condensation. 2150 mètres d'altitude qu'on imagine presque inaccessibles. L'ambiance oscille entre le gris, le brun et parfois le bleu. La montée contre le vent froid est rude, comme prévu. Mais en haut, sommeille l'une des plus belles traces humaines que je connaisse. Un tumulus couronne le sommet de la montagne, tandis que les vestiges de la terrasse Ouest font précisément face au coucher du soleil. Antiochos Ier a gravé ce site naturel splendide avec goût, un tremblement de terre l'a modifié avec force. Habituellement bondé, ce site s'offre à moi grandement. Je suis seul, frigorifié mais seul. Je m'enivre de ces visages sculptés et figés pour une éternité, des reliefs alentours et des masses nuageuses qui se dispersent en volutes. Et j'attends enfin que le jour se fane. <

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24 novembre 2010

Au milieu du tuf anatolien

> La cité endormie est vidée de ses acteurs habituels, ceux qui viennent voir les paysages "époustouflants" qui l'entourent. Il s'agit donc de la Cappadoce si connue, si demandée. Les stands à la con existent toujours. Une chanson française minable anime mon univers sonore du soir. Le temps est devenu gris et la fraîcheur est devenue continentale. Le programme est devenu plus aléatoire, comme je le fais si bien. Parti pour rester deux journées, j'opte pour "bouffer de la Cappadoce" en un jour et filer vers l'Est durant la nuit, via la gare routière de Kayseri. Pas lavé et pas changé depuis hier matin, le corps refroidi, je ressens le besoin de me requinquer dans un restaurant et de me blottir contre un poêle...

A Göreme, j'improvise mon circuit automobile en buvant un thé parmi les vieux lève-tôt. C'est parti pour découvrir les villages alentours et les sites étranges qui s'étendent ici ou là. De l'épicentre, je file sur Uçhisar et Ürgüp, me détourne vers Mustafapaşa charmante bourgade et reprend l'axe des cheminées de fée pour Zelve et Avanos. La route 765 me conduit de Gülşehir à Çat, de Nevşehir à l'étrange ville souterraine de Kaymaklı. Les curiosités chrétiennes sont effarantes. Ces creusements partout, ces vieilles traces d'une ancienne foi implantée ici. La Turquie est un carrefour et conserve la lie de la Chrétienté Romaine.

Ma chance est de parcourir ces routes pendant la morte saison. Certes les couleurs sont moins étincelantes, mais les foules sont rares. Mélancolie du site, du temps ou de l'être, va savoir, il n'empêche que cette étrangeté géologique habitée ou abandonnée m'a plu, mais tristement. On se sent dans une zone incroyable, mystérieuse et remplie de trésors fléchés aux contours parfaitement balisés. Mais, ce plateau isolé est effrayant quand on le regarde sous la pluie depuis sa périphérie. <

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23 novembre 2010

Antalya (otogar)

> Les hordes de bus quittent la gare routière et laissent dans l'air et les gazs d'échappements des baisers volants, des embrassades éparpillées et des regards heureux et tristes à la fois. Je suis reparti pour un voyage d'environ 10 heures.

Mermerli, 60 minutes dans une eau à 24,8°C et à une profondeur moyenne de 15,5 mètres. Le temps s'est couvert et la visibilité oscille entre 10 et 15. Un plongée sans grande promesse, mais un véritable exercice. Le début est difficile et je me sens proche de l'abandon, non loin de l'ancre du zodiac qui nous a amené ici. Têtu comme un âne et idiot, je persiste. Une heure passée à apercevoir heureusement deux ou trois choses colorées (soldier fish, rainbow fish, trumpet fish, rotbrasse)., il s'avère que les cadavres de bières sont aussi très nombreux... Je croyais que la balade en mer aurait été plus intéressante et que nous n'allions pas squatter face à la digue...

Il allait bientôt pleuvoir quand on s'est posé dans un café-jardin de la vieille ville. Je continuais l'apprentissage du tavla avec un ami de N. Nos derniers instants prévus s'égrainaient, la mélancolie s'abattant doucement sur moi. Mais elle était encore là jusqu'au moment de partir pour la Kapadokya à 21h00. Ensuite, je retrouverais le mode solo. <

22 novembre 2010

Antalya (Liman)

> Décision de se poser un peu ici dans la vieille ville, je sais bien pourquoi. Chaque toit porte une grosse cuve cylindrique reliée à un panneau photovoltaïque et sous l'ardeur du soleil méditerranéen, celle-ci procure de l'eau bouillante si relaxante. Je me promène paisiblement sur le port devant la limpidité qui nous sépare de l'Égypte. Il fait entre 25 et 30°C. Aucun commerçant me hèle et c'est sacrément agréable. J'ai découvert le port hier avant que N m'emmène loin de la vieille ville pour dîner dans un pub qu'elle fréquente souvent ; après nous avons filé chez sa sœur.

La Turquie est si grande que je n'aurai qu'entraperçu une petite part. J'ai choisi de rater la mer Noire pour l'Est : Nemrut Dağı. J'ai pris goût au tavla, on n'oublie pas son addiction pour le jeu lorsqu'à chaque coin de rues, vous entendez les roulements des dés. Le muezzin est devenu comme le bruit de la mer, une habitude auditive sans signification que vient couvrir la radio, James Brown, The Doors, le Jazz américain, la Pop turque. Cela colore les souvenirs autant qu'une clarinette et un darbouka. <

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20 novembre 2010

En dessous du ciel

> Une partie des voyages se fait la nuit, particulièrement les grandes traversées de ville en ville... 4h00, après un sommeil rendu difficile à cause du froid qui enveloppait la voiture, je me réveille recroquevillé sur la banquette arrière. Le bruit des vagues et les premiers cris que lancent les coqs donnent vie à l'obscurité qui m'entoure. Direction le centre pour un dernier thé à Kaş. Je suis presque seul sur la route et attend impatiemment que l'aube se déclare. 5h20, l'Est montre toute sa puissance en inondant avec précipitation l'horizon et l'étendue maritime. Je revois Kalkan et la moins attrayante Finike. La route grimpe vers les reliefs d'Antalya et ses sommets oranges du Taurus. Elle sent le pin et la sève. J'arrive à Antalya. Ce retour m'émerveille plus, il s'est passé quelque chose. Cette rupture qui sonne l'ouverture en grand des sens.

Nouveau programme en arrivant à l'aéroport : je prolonge la location pour inventer un rendez-vous avec une hôtesse de l'air qui revient de Bruxelles. Je suis l'asphalte des artères périphériques en direction de Burdur, puis Denizli et bifurque dans le Milli Park de Termessos qui attend, figé depuis le tremblement de terre, l'abandon, les pillages et les découvertes scientifiques, nos regards et nos pieds excités par le site. L'ascension dans le mont Güllük est haletante, on se retrouve encore une fois dans un mélange de cultures ruinées et de végétation libre d'envahir chaque gisement chaotique dont le sens parfois nous échappe.  Une splendeur attend tout en haut : le théâtre hellénistique qui domine la vallée. Ça doit défiler sérieusement en pleine saison, mais aujourd'hui c'est assez tranquille pour que je m'allonge sur l'extrémité conservée des gradins entre le vide et le ciel. Jamais, je n'avais vu cela. L'errance dans les sentiers de la nécropole complète cet émerveillement. Les morts ont quitté leur demeure depuis longtemps, sarcophages brisés et sans dessus-dessous, mais il plane un immémorial respect des lieux. On crapahute avec le bruissement des feuillages, le bourdonnement continu des insectes pour tomber nez à nez avec ce qui fut la dernière demeure de ces hommes il y a 1 500 années. Avec quelle force pouvait-on bâtir de tel endroit ?

En revenant par la route, je croise le zoo et une grande cascade qu'annonce plus loin la gigantesque tête sculptée d'Atatürk. J'attends N souhaitant la voir comme elle a vécu pendant toute cette année. J'attendrai trois heures sans broncher, sans faillir et la nuit venue, après un magnifique malentendu, elle viendra me récupérer depuis chez elle en voiture. Foutu sentiment qui irradie le corps entier. On choisit ma pension. J'ai perdu mon sens de l'orientation, déboussolé, déconcentré. Elle m'emmène dans son quartier pour dîner : Neyzen Demhane (Yeşilbahçe Mh. 1480. Sok 07160 Muratpaşa). Les clients habituels et les musiciens créent l'ambiance. On boit du rakı, on écoute, on discute. Je suis perdu dans son vrai monde dont l'entrée semble impossible pour l'étranger de passage. Elle est belle. <

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19 novembre 2010

Kaş, diving day

> Attablé au bar qui m'avait plu lorsqu'on se promenait avec N, je retrouve l'élan et le risque. Avez-vous imaginé qu'on entend ici du Métal turc en même temps que le muezzin en sirotant une bière. Décidément, je ne vois aucune raison aux peurs européennes.

Çoban Burnu Tünel, 44 minutes dans une eau à 22°C et à une profondeur moyenne de 17,7 mètres, tandis que la visibilité avoisine les 20. La première plongée est parfaite pour une remise en jambe. Suivant les rochers, la palanquée se retrouve au-dessus du tunnel, un trou béant tel une mâchoire pétrifiée depuis des siècles. Comme on peut s'imaginer les mouvements dans l'espace, chacun se laisse tomber dans l'apesanteur aquatique vers le noir profond pour dépasser les 37 mètres. Il ne peut y exister de claustrophobie, vu la lumière qui émane de la sortie et qui colore aussi parfaitement cette mer.

Courte pause sur le port pour manger sous le soleil cuisant de novembre, court délai sur le pont supérieur pour la sieste. La journée se finit déjà avec le rosissement des roches alentour ; il est 15h30.

Fener Uçak, 35 minutes dans la même eau et à une profondeur moyenne de 13,7 mètres. Visibilité parfaite. Le site est différent : nous descendrons jusqu'à 22 mètres au-dessus du fond sableux pour trouver l'épave d'un avion. Un engin entièrement conservé. Je retrouve mon compagnon stambouliote du matin. Je visite en premier l'intérieur jusqu'au cockpit. Étrange impression. En attendant les autres, j'inscris sur l'aileron arrière dans la fine pellicule organique six lettres qui se détachent nettement et que la nature recouvrira rapidement sans doute. Six lettres qui marquent mon attachement à cette personne dont le drapeau orne encore la carlingue. <

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18 novembre 2010

Les ruines lyciennes...

> Réveil un peu tardif, mais réparateur après tant de doutes énoncés. Mon bras droit, toujours le même, est à nouveau bien pilonné. On m'avait prévenu. Je prends le petit-déjeuner en compagnie de la télévision que regarde la maîtresse de maison (une série musicale des années 70). Le site archéologique s'étend à perte de vue : des milliers de blocs de pierre façonnés parsèment Patara (sarcophages lyciens, arc de triomphe, théâtre, odéon, phare). Le sol de la Turquie est entièrement tatoué par les marques de l'Antiquité. Après une visite sous le soleil naissant, sans détour vers Xanthos, je retourne vers Kaş jusqu'à Üçağız.

Malgré la bonne tronche d'un vieux pêcheur-rabatteur, j'opte pour le sentier en direction de la presqu'île de Kaleköy (Simena), escaladant les tombes lyciennes, suivant la route caillouteuse que borde le rivage (Le Guide a pris un coup de vieux), grimpant jusqu'au pied de la citadelle. Venu par l'intérieur, je descends doucement dans les ruelles de Kaleköy qui traversent les  terrasses des pensions et des restaurants ou les cours privées. Tout s'agrippe au rocher et se prolonge au maximum du possible au bord de l'eau. La baignade est presque inimaginable tant le coin est paradisiaque et désert (je perds la vue en sautant des rochers, je me rassure en pensant que les photographies ne seront pas floues). Le rendez-vous raté avec le pécheur me laisse libre de paresser devant une bière et d'improviser mon retour. Pour 30 lira, on me raccompagnera en bateau.

Inscrit pour deux plongées, je m'installe dans la pension Ateş et m'affale sur la terrasse du dernier étage qui surplombe Kaş. La Turquie est une terre qui mérite son tourisme sans nul doute, mais bien plus encore. J'ai faim, je sors vers 18h45 pour profiter de la douceur de vivre de ce petit port. La nuit est tombée depuis longtemps. <

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17 novembre 2010

Pata(t)ra

> Je suis dans une pension conseillée par Le Guide, assoupi sur un grand lit protégé des nuées de moustiques qui atterrissent sur ma chair comme des météorites. La route entre Kaş et Patara était magnifique : collines rocheuses s'écrasant dans une eau limpide, succession de virages en lacet, passages dans les plaines cultivées, la charmante Kalkan perchée solidement. Arrivé au soleil couchant dans un univers abandonné des touristes, mais peuplé de ruines éparpillées en vrac, je prolonge jusqu'au bout de la route jusqu'à une plage que les derniers feux rougeoyants du ciel animent. Plage célèbre pour sa beauté et ses tortues de mer qui la fréquentent durant l'été. Le propriétaire de la pension me proposent de manger du mouton braisé à l'occasion de Kurban Bayrami. Seul, je dois apprendre à me faire comprendre. Je dois aussi apprendre à m'apaiser. Notre dernière échappée s'est mal conclue. Nous recherchions, dans le temps imparti, un havre pour profiter une dernière fois. J'aurais voulu l'Eden et après une longue hésitation qui a fait jaillir de l'impatience, nous avons trouvé un site trop peuplé et trop structuré. N a fait énormément pour moi, je ne l'ai pas compris, garantissant des bonnes destinations et des bonnes rencontres. Je n'ai rien mesuré, impatient et dépendant obsessionnellement du temps. J'ai déconné. <

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16 novembre 2010

D'Antalya à Kaş

> Encore une grande ligne à tracer sur la carte. On retrouve un certain rituel après avoir été déposés juste dans les temps et dans la joie éthylique par Sencer et Sitkiye : bagages à étiqueter, numéros de sièges à repérer, invention instantanée d'un confort éphémère, départ au début de la nuit, verre d'eau et friandises, sommeil jusqu'à la prochaine aire de repos pour le chauffeur et de dégourdissement pour les voyageurs. Il est 2h00, les yeux mal ouverts, on fume une cigarette après le passage aux toilettes. Le froid nocturne nous pousse vite à rejoindre la chaleur du bus. Cette fois, nous arriverons très tôt, nous prendrons un autre bus pour rejoindre l'aéroport, attraper un petit-déjeuner sur la route et louer une voiture. Je mesure mon impatience. J'ai vieilli et je me suis habitué à ma situation d'ours solitaire.

Quelques zones urbaines immondes plus loin, la nature reprend vie. Le site de Phalesis lové dans sa pinède est fermé. Éloignés d'Antalya, ville dont je me sens en quelque sorte un peu banni, on stoppe à Olympos (Çıralı). La faim nous mène dans une sorte de pension en bois que je trouve particulièrement répulsive. Fatigué, désabusé, il règne en moi un agacement incontrôlable. Hors de  portée de l'ambiance "néo-hippies-bobos", à la découverte des ruines qui bordent la plage, la relaxation revient. La mer détend, elle est encore très bonne, et une fois encore nous absout. Les galets roulent en faisant un bruit si particulier. La vision de cette porte monumentale perdue dans la végétation embrouillée relance ma soif.

La route devient de plus en plus belle. Je me souviens, lorsque N conduisait timidement, des rochers glissant de la route vers la mer, des centaines de serres dont les légumes accompagnent chaque repas, des sculptures grotesques de Finike, de cette lagune si tranquille et du check-point en arrivant à Kaş. Le balcon qui donne sur la baie et le confort acquis suffisent à reprendre "forme". Alors que l'animation des rues s'éteint au profit des terrasses, il est aussi l'heure de la mise au point nécessaire sur nos vacances qui s'achèvent. L'angoisse de demain. De la fin. <

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15 novembre 2010

L'automne à Yedigöller

> Il est 7h00. Nous peinons à descendre dans la salle commune qui se vide déjà des randonneurs et des photographes passionnés de nature vivante. Le programme m'est totalement inconnu. Nous partageons les minutes de la première cigarette aux premières lueurs, saisis par le froid matinal et l'humidité ambiante, avant d'emprunter une longue route à flanc de montagnes toutes recouvertes d'un épais manteau végétal. On se pose près d'un premier lac, le temps de se réchauffer et d'apprendre le tavla. Le parcours dans cette forêt où jaillit aléatoirement l'eau des altitudes prend une allure de sortie dominicale entre amis, une sortie au grand air pour des urbains. La route du retour est sinueuse, caillouteuse et pentue. Nous atteignons une altitude de 1200 mètres. Bientôt, il y aura de la neige sur ces cimes quelquefois vertigineuses.

L'idée des Ankariotes était de finir la journée au hamam de Kızılcahamam, ville thermale réputée pour ses sources chaudes et froides qui alimentent les bains. Ensemble, on opère les préparatifs dans la boutique d'à côté.  Séparés des femmes, Sencer se charge de gérer un estonien et un français. Je tente le massage qui s'avère réussi, mais qui laisse encore ce goût des vices qui se monnayent n'importe où. N, pour son baptême, est tout simplement vaccinée pour le futur.

J'écris ce matin dans un café chic d'Ankara, non loin du quartier des ambassades. La capitale est vaste, mixte. Nous devons partir ce soir, mes les amis ont proposé un après-midi sur leur terrasse du 5e étage avec au menu : mezze, balık, rakı. Que va-t-il se décider d'ici une heure ? Ici, tout est turc et tout est absolument comme si j'étais dans les beaux arrondissements de Paris. <

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11 novembre 2010

Quitter l'Egée du Sud

> La pension était entièrement vide. La chambre n'était pas si horrible que cela, surtout après que des volutes aient embrumé la pièce et nos esprits. Le vent cognait sur chaque étage du bâtiment (bonne occasion pour laver un peu de linge et le faire sécher sur la terrasse du dessus). Le courant d'air qui s'infiltrait dans la lucarne de la salle de bain s'en échappait de façon stridente et irrégulière. Sans arrêt, la nuit fut interrompue par les détestables bourdonnements de moustiques. C'est la sensation sur mes lèvres qui m'a alors réveillé : une simple saloperie de piqûre en a doublé le volume. On se retrouve au matin au bord de la mer Egée face à l'île de Samos. N se concentre et se démène pour le rendez-vous de demain à Ankara. Agités par cet horizon incertain, la terrasse verdie surplombant les galets et le thé nous détendent. La carte et le Guide...

A l'extrémité ouest de la ville, s'étend le Dilek Yarımadası Milli Parkı et ses six plages indiquées le long de la route côtière. On surplombe les falaises hésitant entre İçmeler et Aydınlık. Une plage à moitié déserte, puisque les abeilles ont colonisé le site selon un passant, nous offre un transat, une tour de surveillance abandonnés et le moment qu'on attendait tous les deux. Me baigner avec elle ici ou ailleurs, mais le vivre enfin.

Efes, une bière réconfortante et conviviale, une cité ruinée mais extraordinaire. N est guide et peut s'affranchir de payer. Les abords sont remplis des stands de conneries dérivées, comme tous les plus fameux sites historiques du Monde. En empruntant la voie Arcadiane, parallèlement à un port effacé et une merveille disparue, je repense aux vestiges bâtis de la Gaule Romaine. C'est la masse, l'étendue et la finesse de l'architecture qui sont fascinantes ici. Le théâtre qui pouvait accueillir 24 000 spectateurs, la bibliothèque de Celsus comparable à celles d'Alexandrie, les temples résiduels d'Artémis ou d'Hadrien... Chacun retrouve ses références et ses souvenirs. Le site est étrangement vide, certes le soleil est caché par les reliefs alentours, mais le charme du vide fantomatique opère. En 431, le concile d'Ephèse explicitait la nature humaine et divine du Christ.

İzmir est assez gigantesque en fait, mais aucune mauvaise surprise pour rejoindre l'agence de location et le quartier de Janset et Bernis. On s'habitue aux transferts des bagages et aux changements de véhicules. La fin de la journée se confond entre chaos urbain, moteurs par centaine, fermeture précoce des boutiques, rassemblements sur les terrasses des kebap (l'ayran est bon, mais je sens que mes papilles demandent un "je ne sais quoi" de mieux). Face à la baie, on attend la navette gratuite proposée par l'agence Nilüfer à destination de la gare routière. Ce jeudi soir, l'agitation est incroyable, c'est bientôt Kurban Bayramı. Et mon bras gauche qui a doublé de volume est endolori. <

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10 novembre 2010

Entre Latmos et Samos...

> Çarşamba akşamları. Le départ pour la côte égéenne est retardé. Je rebrousse chemin, remonte la rue principale du village qui s'anime de plus en plus et retourne dans les ruines pour retrouver des lunettes de soleil. Pendant ce temps, N découvre que la roue avant-droite est crevée par deux pointes vicieusement enfoncées. Le mécanicien de la route principale colle ses rustines, pendant que sa mère s'interroge sur nos vies.

On aurait pu contempler les autres anciennes cités des environs, comme Milas (Milet), Didim (Dydimes). Mais le cap est mis sur les ruines sises au pied du Samsoun Dagh (Mont Mycale) : Priène, laissée tombée par la mer et pour la mer. Quel site ! La colonnade du temple construit par Pytheos, la rangée en marbre des gradins du théâtre, l'autel du bouléutérion, les gabarits des vestiges sont autant de traces du génie architectural ancien, sur lesquels s'assoient des culs allemands, et pas seulement. Une odeur de pins chauffés par les derniers rayons du soleil envahit le site. Impression nostalgique de n'avoir pas vécu le moment où tout cela était maritime.

Mauvais détour entre les champs de coton pour couper le Mont en empruntant une route qui n'existe décidément que sur la carte... La nuit tombe avant d'arriver à Güzelçamlı, juste après la guerre, quand les pensions sont quasiment toutes fermées et quand le quotidien se tranquillise. Pour ma part, cela ne me déplait pas. Au moment de dîner (il existe toujours un réconfort n'importe où et n'importe quand), la mer invisible se glisse à nos pieds derrière une cohorte de chats. La mer bleue qu'on verra demain, la baignade dont on a envie. <

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10 novembre 2010

Heraklion

> Face à ce qui était autrefois un golfe maritime dépendant de la mer Egée, entre les meuglements et les gazouillements, on discerne les vestiges d'un monastère byzantin sans doute bâti sur cette île vers le 7e siècle. Les habitations et les fermes de Kapıkırı, plus connu sous le nom d'Heraklion, sont calées entre les oliviers sur les flancs du massif montagneux de Beşparmak Dağı. Ce petit-déjeuner turc copieux, sur une terrasse tiédie par le soleil, est le premier d'une longue série de saveurs salées au matin.

Héraclée est faiblement perchée sur un chaos rocheux, érodé, rose et parsemé de verts intenses. Des ruines apparaissent ça et là : le temple d'Athéna que consultent encore parfois les vaches et les ânes, le bouleutérion qui se réduit à des chaises en plastique rouge, des morceaux de colonnes, des poules, un piédestal et un mulet, le tout niché dans la petite cour d'une propriété privée, les remparts. Sur le chemin du théâtre qu'on n'atteindra pas, on rencontre des femmes du village et N, cible paradoxalement parfaite, craque en achetant une bricole. Devant nous, se dessinent un lac immense, des petites routes atteignant des parcelles habitées et derrière nous, des ruines, des rocs et le vent. Strabon écrivait au 1er siècle avant que les alluvions du fleuve Büyük Menderes obstruent l'entrée du golfe : Vient ensuite le golfe Latmique, et, à l'intérieur du golfe, la petite ville de Héraclée-sous-Lamos, laquelle possède un bon mouillage. Primitivement, Héraclée s'appelait Larmos, tout comme la montagne qui la domine (Géographie, Livre XIV, chapitre 1, L'Ionie, §8). <

 

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